Pourquoi Esaïe 66:23, parle-t-il de toute chair venant se prosterner devant Dieu dans la nouvelle terre « de nouvelle lune en nouvelle lune, et de Sabbat en Sabbat »? Ceci signifie-t-il que le jour de la nouvelle lune sera observé dans la nouvelle terre,

La stabilité de la vie religieuse.

Esaïe parle de rassemblement pour l’adoration, dans la nouvelle terre, « de nouvelle lune en nouvelle lune, et de Sabbat en Sabbat », parce que pour le prophète, le jour de la nouvelle lune mensuelle et le jour du Sabbat hebdomadaire, sont essentielles à la stabilité de la vie religieuse, dans la restauration future de Jérusalem.

Il est important de noter qu’Esaïe parle « des nouveaux cieux et de la nouvelle terre » dans le contexte de la restauration de Jérusalem et du rassemblement des Juifs « de toutes les nations…à ma sainte montagne, Jérusalem » ( Es 66:20). Ceci signifie que la description de toute chair venant pour adorer « de nouvelle lune en nouvelle lune, et de Sabbat en Sabbat » se rapporte premièrement à l’espoir de la restauration politique de Jérusalem et de ses services religieux; et secondement, à la restauration de cette terre, à la fin des temps, de laquelle la première était un type.

La perspective prophétique.

Ailleurs, j’ai démontré comment les prophètes entremêlent souvent des événements historiques imminents avec des événements très distants.[1] Par exemple, le prophète Esaïe annonce l’imminence du Jour du Seigneur avec une référence à la destruction de la Babylone par les Mèdes, en disant: « Lamentez-vous, car le jour de l’Éternel est proche: Il vient comme le ravage du Tout-Puissant » (Es 13:6). Dans le contexte de ce jugement historique imminent, Esaïe décrit le Dernier Jour du Seigneur, lequel sera accompagné par l’assombrissement du soleil, de la lune, et des étoiles, et « Je punirai le monde pour (sa) méchanceté Et les méchants pour leurs fautes » (Es 13:10-11).

Comme la destruction imminente de la Babylone est vue par Esaïe en tant que réalisation partielle des accomplissements ultimes du Jour du Seigneur, ainsi la restauration de Jérusalem et ses services d’adoration, sont vus par le même prophète comme partie de la restauration finale de cette terre. Cette capacité des prophètes de voir les derniers accomplissements divins à travers la transparence des événements historiques imminents, est généralement appelée « la perspective prophétique ».

La preuve de la stabilité sociale et religieuse.

L’assemblée régulière pour l’adoration, à la nouvelle lune et au Sabbat, est donnée par Esaïe, comme preuve de la stabilité de la vie dans la Jérusalem restaurée. Cette assurance de stabilité est aussi indiquée dans le verset précédent, qui dit que « la nouvelle terre… subsisteront… Ainsi subsisteront votre descendance et votre nom » (Es 66:22). En d’autres termes, Esaïe réassure le peuple de la permanence « subsisteront » et de la stabilité de la vie sociale et religieuse dans la nouvelle Jérusalem restaurée.

Le prophète Ezéchiel offre une description semblable de stabilité dans la Jérusalem restaurée, quand il écrit, par exemple: « Le peuple du pays se prosternera devant l’Éternel à l’entrée de ce porche, aux jours de Sabbat et aux nouvelles lunes » (Ez 46:3).

L’importance de la nouvelle lune.

Le jour de la nouvelle lune est mentionné spécifiquement à cause du rôle vital qu’il joua en déterminant, pas seulement le commencement de chaque mois, mais aussi le temps de célébrer les fêtes importantes. Les fêtes de Pâques et des Huttes (cabanes) étaient déterminées par rapport à la nouvelle lune du mois dans lequel elles si trouvaient. La Pentecôte dépendait de la Pâque et ainsi indirectement de la nouvelle lune. La Pâque et la Pentecôte des Chrétiens reflètent le même système aujourd’hui. La nouvelle lune du septième mois était particulièrement importante (Lv 23:24; Né 8:2), probablement parce qu’elle marquait le commencement de l’année et elle annonçait le Jour des Expiations qui arrive dix jours plus tard (Nb 29:1, 6-7).

Puisque les dates de la nouvelle lune étaient déterminées dans l’Israël ancien par des observations réelles, l’apparence de la nouvelle lune était essentielle à la stabilité du calendrier civil et religieux. Ceci explique pourquoi Esaïe et Ezéchiel parlent des assemblées régulières, la nouvelle lune et du Sabbat, dans la Jérusalem restaurée. Pour eux, ceci signifiait la régularité de l’adoration, pas seulement durant le Sabbat hebdomadaire— lequel à lieu chaque sept jours, indépendamment de cycles lunaires— mais aussi durant les fêtes annuelles— lesquelles furent dépendantes de l’apparition de la nouvelle lune.

La nouvelle lune et la nouvelle terre.

Le jour de la nouvelle lune, sera-t-il observé sur la nouvelle terre, de même que le Sabbat? Ma réponse est non, parce que, comme on l’a déjà noté, la fonction principale de la nouvelle lune était d’aider l’Israël ancien à calculer le temps de leurs fêtes annuelles et pour qu’ils se préparent pour elles. Le son des trompettes à la nouvelle lune du septième mois, servait à prévenir le peuple au sujet de l’imminent Jour des Expiations, lequel arrivait 10 jours plus tard (Nb 29:1, 6-7). Etant donné que la fonction principale de la nouvelle lune— c’est à dire, pour aider l’Israël ancien dans le calcul des fêtes annuelles— est terminée par la venue du Christ, il n’y a pas de raison de croire qu’elle sera restaurée de nouveau, dans la nouvelle terre.

Pourquoi alors, Esaïe mentionne-t-il la nouvelle lune comme un temps d’assemblée régulier d’adoration, dans la nouvelle terre? Parce que, comme cela est expliqué plus haut, le prophète décrit aux moyens de perspectives prophétiques, la restauration ultime de cette terre, dans le contexte du rapatriement historique des Juifs et de la reconstruction de la Jérusalem. Il est donc nécessaire de distinguer entre ces éléments, lesquels s’appliquent à l’Israël nationale, tel que la nouvelle lune, et ces éléments, lesquels continueront dans la nouvelle terre, tel que le Sabbat.

La distinction entre l’historique et l’eschatologique.

La même distinction doit être faite dans d’autres visions prophétiques du nouveau monde. Par exemple, Jean, dans l’Apocalypse, décrit la Nouvelle Jérusalem ayant un mur de 144 coudées de haut (21:17). Il est difficile de croire que la Nouvelle Jérusalem aurait besoin d’un tel mur, quand il n’y aura pas d’ennemis à craindre.

Alors, la conclusion est que comme Jean décrit le sens de sécurité de la Nouvelle Jérusalem, par l’imagerie familiale d’un mur excessivement haut, ainsi Esaïe décrit la stabilité de la vie religieuse dans la nouvelle terre, par l’imagerie d’une assemblée régulière d’adoration, aux nouvelles lunes et aux Sabbats, dans la restauration politique attendue de Jérusalem et de son peuple. En faisant la distinction entre les fonctions historiques et eschatologiques de la description d’Esaïe, ça devient évident que la référence aux nouvelles lunes s’applique à la première, et non la dernière.


[1] Ma discussion de la perspective prophétique se trouve dans le second chapitre du livre The Advent Hope for Human Hopelessness, p. 42.

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