La résurrection du Christ le Dimanche, fut-elle le facteur originel qui causa les apôtres, comme beaucoup de Chrétiens le croient, d’introduire, l’observance du Dimanche, à la place de l’observation du Sabbat, afin de commémorer la résurrection du Christ

Cette opinion, bien qu’elle soit largement soutenue parmi les observateurs Chrétiens du Dimanche, est dépourvue de support biblique et historique. Mes raisons détaillées se trouvent dans le troisième chapitre de ma dissertation Du Sabbat au Dimanche. Dans ce contexte, je me limiterai à une mention brève de sept indications importantes, lesquelles discréditent le rôle allégué joué par la résurrection du Christ au Dimanche, en étant la cause du changement de l’observation du Sabbat, à l’observation du Dimanche.

Pas de commandement dans le Nouveau Testament.

D’abord, le Nouveau Testament ne contient aucun commandement ou suggestion par le Christ ou les apôtres ordonnant ou faisant allusion à une célébration de la résurrection hebdomadaire ou annuelle du Dimanche. Ceci est encore plus surprenant, en vue des instructions explicites données à propos d’autres pratiques, tel que le baptême, le repas du Seigneur, et le lavement des pieds.

Pas de « jour de la résurrection ».

Deuxièmement, dans le Nouveau Testament, le Dimanche n’est jamais appelé le « jour de la résurrection », mais constamment le « premier jour de la semaine ». Ce n’est pas avant le quatrième siècle que la désignation du Dimanche comme « jour de la résurrection »,  se trouve pour la première fois dans la littérature chrétienne. L’absence d’une telle désignation indique que durant les trois premiers siècles, le Dimanche n’était pas vu comme le commémoratif hebdomadaire de la résurrection du Christ.

Pas d’achèvement du ministère terrestre du Christ.

Troisièmement, le Dimanche de la résurrection ne marque pas l’achèvement du ministère terrestre du Christ. Ce dernier se termina le vendredi après-midi, quand le Sauveur dit: « Tout est accompli » (Jn 19:30) et ensuite se reposa dans la tombe, selon le commandement. Il est notable que le repos divin marque l’achèvement de la création et de la Rédemption. La résurrection, cependant ne marque pas l’achèvement du ministère rédempteur terrestre du Christ, mais l’inauguration de Son nouveau ministère d’intercession (Ac 1:8; 2:33).  Comme le premier jour de la création, le premier jour du ministère du Christ présuppose du travail, plutôt que du repos.

Pas d’invitation au repos et à l’adoration.

Quatrièmement, les mots prononcés par le Christ, le jour de la résurrection, sont une invitation à travailler, plutôt qu’à se reposer ou adorer. Le jour de sa résurrection, le Sauveur ne dit pas: « Viens à part et adore… Prenons le temps aujourd’hui de célébrer ma résurrection ». Au contraire, Il dit aux femmes: « Allez dire à mes frères de se rendre en Galilée » (Mt 28:10); et ensuite à ses disciples: «  Allez donc… faites des disciples, les baptisant… et leur apprenant » (Mt 28:19-20Jér).

Pas de commémoration de la résurrection par le repas du Seigneur.

Cinquièmement, Le repas du Seigneur, lequel beaucoup de Chrétiens voient comme le coeur de leur célébration du Dimanche de la résurrection du Christ, était célébré initialement, la nuit de différents jours de la semaine (1 Cor 11:18, 20, 33) et était vu comme la commémoration du sacrifice du Christ et du deuxième avènement, plutôt que sa résurrection.

Pas de célébration du Dimanche annuel de Pâques, de la résurrection.

Sixièmement, la Pâque, que, beaucoup de Chrétiens aujourd’hui observent le Dimanche de Pâques, en tant que célébration de la résurrection; pendant au moins un siècle après la mort de Jésus, était observée, pas sur un Dimanche, mais sur n’importe quel jour de la semaine sur lequel tombait la date du 14 Nisan. Ceci implique qu’aucune signification spéciale était attachée au jour actuel de la semaine dans lequel la Pâque était célébrée. De plus, les tout premiers documents indiquent que la Pâque était une célébration de la Passion— mort, plutôt que la résurrection du Christ.[1]

La résurrection n’était pas la justification prédominante.

Septièmement, les plus anciennes références explicites de l’observation du Dimanche par les Chrétiens, se trouvent dans les écrits de Barnabé (environs 135 apr.  J.-C.) et de Justin (environs 150 apr.  J.-C.); ils mentionnent la résurrection, mais seulement en tant que la seconde des deux raisons pour l’observation du Dimanche. La première raison théologique donnée par Barnabé pour l’observation du Dimanche, est la signification eschatologique du « huitième jour », laquelle, prétend il, représente « le commencement d’un autre monde ».[2] La première raison de Justin est la commémoration de l’inauguration de la création: « Parce que c’est le premier jour, où Dieu, tirant la matière des ténèbres, créa le monde ».[3] Ces témoignages indiquent que la résurrection du Christ n’était pas vue initialement comme la justification prédominante pour l’observation du Dimanche.

Les sept raisons soumises ci-dessus, suffisent pour discréditer l’affirmation que la résurrection du Christ, le premier jour de la semaine, était la plus grande raison pour l’adoption de l’observation du Dimanche à la place du Sabbat.


[1] Mon analyse des documents qui ont à faire à la date et la signification de la Pâques se trouve dans Divine Rest For Human Restlessness (Rome, 1980), pp. 233, 239-240, 300-305; aussi dans Du Sabbat au Dimanche, traduction française de Dominique Sébire (P. Lethielleux, Paris 1984) pp. 68-72.

[2] Epître de Barnabé, S.C. 172 (1971), traduction de P. Prigent, p. 189.

[3] Justin, Première Apologie 67, dans La Philosophie passe au Christ, « L’oeuvre de Justin », textes intégraux présentés par A. Hamman, 1958, p. 95.

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