La signification rédemptrice du Sabbat
Une troisième raison de croire dans la permanence du principe de l’observation du Sabbat, est la signification rédemptrice du Sabbat, que je trouve exprimée dans l’enseignement et le ministère du Christ. Le coeur humain désire fortement une réassurance constante d’un pardon divin acceuillant et salutaire. On veut savoir: « Dieu, m’a-t-il réellement pardonné et sauvé? » Dans l’Ecriture, la Bonne Nouvelle du pardon divin et du salut est proclamée, non seulement par des paroles, mais aussi par des symboles. Les symboles, tels que la circoncision, le tabernacle, le baptême, la cène, et le Sabbat, ont aidé les croyants à
conceptualiser et éprouver l’assurance de la Rédemption divine. Notre intérêt immédiat de ce chapitre, est d’examiner comment le dernier de ces symboles, le Sabbat, exprime le thème de Rédemption dans le Nouveau Testament. Cependant, pour apprécier ce dernier, il est nécessaire de comprendre en premier lieu, la typologie sabbatique de la Rédemption messianique dans l’Ancien Testament et dans la littérature Juive.
Une mention brève sera faite dans la première partie de ce chapitre, de plusieurs thèmes sabbatiques rédempteurs significatifs de l’Ancien Testament, avant qu’on examine le sens rédempteur du Sabbat, dans le Nouveau Testament.
I. La rédemption dans l’Ancien testament
Au temps de l’Ancien Testament, le Sabbat servait non seulement pour fournir le repos personnel et la libération de l’épreuve du travail et des injustices sociales, mais aussi pour entretenir l’espoir d’une paix future, d’une prospérité et d’une Rédemption messianique. La dernière fonction était inspirée apparemment par le rôle du Sabbat dans l’originale création de Dieu.
La Genèse ne nous fournit pas d’information sur la véritable observation du Sabbat par Adam et Ève avant leur expulsion du jardin d’Eden. Cependant, l’image de perfection et de satisfaction (notez la répétition septuple de l’expression: « cela était bon ».) qui est décrite spécialement par la bénédiction divine et la sanctification du septième jour (Gn 2.3) pouvait offrir aisément aux croyants la base d’une vision de l’âge messianique.
Les parallèles et les équivalences entre le Sabbat de la Genèse, le premier jour d’Adam après sa création, et les derniers jours de l’âge messianique, quoique pas toujours explicitement faits, sont implicitement présents dans les sources bibliques et post-bibliques. Pour illustrer comment le Sabbat de la création devint le symbole de la Rédemption et restauration messianique, on examinera brièvement quelques thèmes significatifs.
La paix et l’harmonie du Sabbat.
La paix et l’harmonie qui existaient entre Adam et les animaux au Sabbat de la création, seront rétablies dans l’âge messianique, quand « le loup séjournera avec l’agneau, et la panthère se couchera avec le chevreau; le veau, le lionceau et le bétail qu’on engraisse, seront ensembles; et un petit garçon les conduira ».(Esaïe 11.6) En ce temps, selon le même prophète, « la connaissance de l’Eternel remplira la terre, comme les eaux recouvrent le fond de la mer ».(11.9)
Cette vision de la terre pleine de paix et de connaissance de Dieu dans les derniers jours, peut bien avoir été inspirée par le point de vue des premiers jours, desquels le Sabbat est l’épitomé.
Le dernier est suggéré par certains règlements rabbiniques du Sabbat. Par exemple, Beth Shammai défendit le meurtre même de « vers », le Sabbat. Il était enseigné, dit R. Siméon B. Eleazar: « La vermine (bêtes puantes nuisibles) ne doit pas être tuée le Sabbat: ceci est le point de vue de Beth Shammai… Si quelqu’un tue la vermine le Sabbat, c’est comme s’il tuait un chameau ».
La Mishna, une collection ancienne de lois Juives, déclare pareillement que durant le Sabbat, « un homme ne peut pas sortir avec une épée, ou un arc, ou un bouclier, ou une massue, ou une lance… car il est écrit: « De leurs épées ils forgeront des socs et de leurs lances des serpes; une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre, et l’on n’apprendra plus la guerre » ».
Ces injonctions rabbiniques ci-dessus, sont probablement tirées de la notion de l’absence de mort durant le Sabbat primordial, lequel servit comme un paradigme du monde à venir. L’abstention de toute forme de tuerie le Sabbat, représente un avant-goût de ce monde.
La Prospérité du Sabbat.
L’abondance et la prospérité matérielle qui caractérisèrent le Sabbat de la création ont probablement inspiré la vision prophétique d’une abondance matérielle extraordinaire durant l’âge Messianique.
Amos déclare: « Voici que les jours viennent, » dit l’Eternel, « où le laboureur suivra de près le moissonneur; et celui qui foule le raisin celui qui répand la semence, où le jus de fruits ruissellera des montagnes et où toutes les collines s’épancheront. » (Amos 9.13) Des descriptions semblables se trouvent dans Esaïe (4.2;7.22;30.23-25), Joël (4.19), Sophonie (3.13), Jérémie (30.19;31.24), et Ezéchiel (34.13-14; 47.12).
Aussi, des travaux ultérieurs abondent avec des descriptions de prospérité matérielle de l’âge Messianique. Par exemple: la version syriaque du livre de Baruch (la seconde moitié du premier siècle ap. J.-C.) dit que quand « le Messie commencera a être révélé… la terre aussi produira ses fruits 10 mille fois autant, et sur chaque vigne, il y aura un millier de grappes, et chaque grappe produira un millier de raisins, et chaque raisin produira un cor [220 litres] de vin (29.4-6).
Des descriptions presque identiques se trouvent dans le livre d’Hénoc (10.17-19) et dans la littérature rabbinique. Papias (environs 60 à 130 ap. J.-C.) un des premiers Pères de l’église, répète aussi cette tradition, presque mot pour mot, l’appliquant au millenium – un règne terrestre de paix et de prospérité d’un millier d’années, possédé par le Christ et les saints ressuscités.
Il est remarquable que Barnabé (135 ap. J.-C.) et de nombreux écrivains chrétiens après lui, interprètent le millenium comme le Sabbat cosmique qui suit les six mille ans symbolisés par les 6 jours de la création lequel sera caractérisé par le règne paisible et lumineux du Christ sur cette terre. (« Il change le soleil, la lune et les étoiles, ensuite il se reposera bien le septième jour. » (15.5)
La signification typologique du Sabbat, comme symbole de l’âge futur du repos et de la prospérité, explique probablement pourquoi Beth Shammai interdit le don de biens dotaux à un orphelin qui se marie, et les contributions pour les pauvres dans la synagogue, le Sabbat. Les actes de charité le Sabbat, annulent l’espérance d’une prospérité matérielle future, symbolisée par l’observation présente du Sabbat.
Les citations précédentes suffisent pour montrer non seulement un degré de continuité et de similarité entre les points de vue juives et chrétiennes de la restauration à la consommation des temps, mais aussi une dépendance commune basée sur la vision de paix, prospérité et harmonie d’Eden, qui sont typifiées par le Sabbat.
Le délice du Sabbat.
Le délice et la joie du Sabbat Edénique inspirèrent probablement la vision prophétique de l’âge Messianique. Théodore Friedman note que « deux des trois passages dans lesquels Esaïe fait mention du Sabbat, sont reliés par le prophète à la fin des jours. (Esaïe 56.1-7; 58.13-14; 66.20-24)…Ce n’est pas une pure et simple coïncidence qu’Esaïe emploie les mots « délicieux » (oneg) et « glorifies » (kavod) dans sa description du Sabbat et de la fin des jours. (58.13- « Et tu qualifies le Sabbat de délicieux…et tu le glorifies »: 66.11- « Afin que vous savouriez avec délice la surabondance de sa gloire.») L’implication est claire. Le délice et la joie qui marqueront la fin des jours sont réalisables ici-même et pas par le Sabbat.»
Le concept du délice du Sabbat semble être dérivé de la vision du Sabbat Edénique: un jour de joie, de lumière, d’harmonie et de paix, lequel sert comme un paradigme du temps futur.
Les lumières du Sabbat.
Le délice du Sabbat s’exprime dans la tradition Juive, par l’allumage de lumières durant ce jour. Cet acte, le privilège de la femme Juive, est interprété comme symbolique de la lumière extraordinaire que Dieu fit briller pendant 36 heures (du vendredi matin au samedi soir), en considération pour le Sabbat.
Cette conclusion est tirée d’une curieuse interprétation rabbinique du titre du Psaume 92: « Psaume, cantique pour le jour du Sabbat ». « R. Lévi dit au nom de R. Zimra: « Pour le jour du Sabbat », c’est à dire, pour le jour où les ténèbres ne viennent pas. On remarque qu’il est écrit pour les autres jours: « Il y eut un soir et il y eut un matin, un jour », mais les mots « Il y eut un soir » ne sont pas écrits du Sabbat…La lumière du Sabbat continuait pendant trente-six heures.»
Un ancien commentaire Juif de l’Ancien Testament, le Midrash, interprète le texte que « Dieu bénit le septième jour » (Gn 2.3) comme signifiant qu’il le bénit avec la bénédiction de la lumière. Adam fut le premier à profiter d’une telle bénédiction, parce que Dieu laissa Sa lumière briller sur lui, quoi qu’il méritât d’être privé d’elle, en raison de sa désobéissance.
Selon le Midrash, le Sabbat agissait comme sauveur d’Adam, quand Dieu fut sur le point de le détruire le vendredi soir, à cause de son péché: « A ce moment le Sabbat arrivait et devint l’avocat d’Adam, disant à Dieu Saint, bénit soit-il: « Durant les six jours de la création, personne ne subit la punition. Et la commencerais-tu avec moi? Est-ce ma sainteté? Est-ce mon repos? » Et ainsi Adam fut sauvé de la destruction dans la géhenne, par l’intercession du Sabbat. Quand Adam vit le pouvoir du Sabbat, il fut sur le point de chanter un hymne en son honneur».
Le rôle rédempteur de ce Sabbat primordial, dans la tradition Juive, est impressionnant. Etant vu comme le symbole de la Rédemption primordiale, le Sabbat pouvait effectivement typifié la restauration future Messianique. La tradition d’allumer des lumières le Sabbat, semble être lié symboliquement, non seulement à la lumière surnaturelle qui brilla sur Adam durant le premier Sabbat (ce qui était vu en tant qu’assurance de salut), mais aussi à la lumière extraordinaire de l’âge messianique.
Les prophètes envisageaient l’apparence de lumière luisante durant les derniers jours: « La lumière de la lune sera comme la lumière du soleil, et la lumière du soleil sera sept fois plus brillante, comme la lumière de sept jours » (Esaïe 30.26). La comparaison à « la lumière de sept jours » est probablement une allusion aux sept jours de la création, qui, selon l’explication du Midrash, étaient illuminés d’une lumière extraordinaire, plus brillante que le soleil.
Zacharie parle d’un « jour unique… il n’aura plus de jour et de nuit, mais à l’heure du soir brillera la lumière » (14.7 TOB; FC – « il fera continuellement jour, on ne distinguera plus entre le jour et la nuit, même le soir, il fera clair ».). Cette remarque se réfère probablement aux septième jour de la création, qui dans la Genèse, ne fait pas mention de l’expression « soir et matin ». Ce détail fut interprété comme signifiant que le Sabbat était spécialement bénit par une lumière surnaturelle, permanente.
Et puis, il est possible que cette vision prophétique de la lumière surnaturelle de l’âge messianique, soit tirée de la notion de la lumière extraordinaire qu’Adam a expérimentée durant le premier Sabbat. Selon la tradition Juive, cette lumière disparut à la fin du Sabbat de la création à cause de la désobéissance d’Adam; mais on s’attend qu’elle va réapparaître dans les derniers jours.
Le repos du Sabbat.
Abraham Joshua Heschel explique que le thème du repos du Sabbat (menuhah) pour ceux qui connaissent la Bible, « est le même que le bonheur et la tranquillité, la paix et l’harmonie.» Ce thème a servi comme un symbole efficace de l’ère Messianique, souvent connue comme « la fin des jours » ou « l’autre monde.»
Dans l’Ancien Testament, la notion de « repos » fut utilisée pour exprimer les aspirations nationales pour une vie paisible dans un pays de repos (Dt 12.9; 25.19; Es 14.3), où le roi fournirait au peuple un repos de tous leurs ennemis (2 S 7.1), et où Dieu établirait Son « lieu de repos » parmi Son peuple et spécialement dans Son sanctuaire à Sion (2 Ch 6.41; 1 Ch 23.25; Ps 132.8,13,14; Es 66.1).
Ces références au « repos » (menuhah) national, ne se rapportent pas spécifiquement au repos du Sabbat. Cependant, il semblerait raisonnable de présumer que ce fut l’expérience hebdomadaire du repos du Sabbat qui servit de modèle pour symboliser la plus grande aspiration de repos national.
Le rapport entre le repos du Sabbat et le repos national est clairement établi dans Hé 4.4,6,8, où l’auteur semble faire appel à un concept familier. Dans ce passage, l’auteur parle du repos du Sabbat de la création comme étant le symbole de l’entrée promise dans le pays de Canaan, qui la génération du désert manqua d’entrer (v.6), mais qui fut partiellement réalisée, quand Josué guida les Israélites à entrer dans le pays du repos (v.8).
Une autre indication explicite se trouve dans un commentaire Rabbinique du Psaume 92: « Un psaume, un chant pour le jour du Sabbat—- pour le jour quand le peuple de Dieu demeurera dans la paix: « Mon peuple demeurera dans un séjour de paix, dans des habitations sûres, dans des retraites tranquilles » (Es 32.18).» Ce commentaire lie clairement l’expérience du repos du Sabbat à la vision messianique d’Esaïe, de paix, de sécurité, et de retraites tranquilles.
Dans l’oeuvre apocalyptique qui est connu par le nom des « Livres d’Adam et Ève » (du premier siècle apr. J.-C.), l’archange Michel exhorte Seth en disant: « Homme de Dieu, ne pleure pas plus de 6 jours pour la mort, car le septième jour est un signe de résurrection et de repos, de l’âge à venir; durant le septième jour, le Seigneur se reposa de tout Son travail.»
Un point de vue semblable est exprimé dans « Genèse Rabbah 17.5 » : « Il y a trois antitypes: L’antitype de la mort qui est le sommeil, l’antitype de la prophétie qui est le rêve, l’antitype de l’âge à venir qui est le Sabbat. » Cet « âge à venir » ou « l’autre monde » est fréquemment assimilé à l’âge messianique, lequel est caractérisé par l’abondance matérielle (Am 9.13-14; Es 30.23-25; Jr 31.12), la justice sociale (Es 61.1-9, l’harmonie entre l’humanité et les animaux (Es 65.25; 11.6), la lumière luisante (Es 30.26, Za 14.6-7), et la paix et le repos (Es 32.18; 14.3).
Ces caractéristiques variées de l’âge messianique sont groupées ensemble dans 2 Baruch (une autre oeuvre apocalyptique Juive de la deuxième moitié du premier siècle apr. J.-C.), où l’auteur décrit « le temps de mon Messie », en disant: « Et, il advint que la joie soit révélée et le repos apparaîtra, quand il aura abaissé chaque chose qui est dans le monde, et qu’il s’assoira en paix pour l’éternité.»
La littérature Rabbinique fournit aussi des exemples explicites où le repos du Sabbat et la structure septénaire du temps sont employés pour signifier l’autre monde et l’arrivée du Messie. Par exemple, le Talmud Babylonien dit: « Nos rabbins enseignent: A la fin du Sabbat, le fils de David viendra. R. Joseph soulève l’objection: Mais beaucoup de Sabbats ont passé, cependant, il n’est pas venu!»
Le septième âge associé avec l’arrivée du Messie est souvent décrit comme un temps de repos Sabbatique. A la fin du Mishnah Tamid, on lit: « Un Psaume, un chant pour le jour du Sabbat—- un chant pour le temps à venir, pour le jour qui est tout repos du Sabbat, dans la vie éternelle.»
Les exemples ci-dessus suffisent pour montrer comment l’expérience du repos du Sabbat servit à entretenir l’espoir de la paix et du repos messianique futur. La Mishnah indique que le temps de la Rédemption vint à être connu comme « tout Sabbat et repos dans la vie éternelle.»
La libération du Sabbat.
La liberté, la délivrance, et la libération, que les Sabbats hebdomadaires et annuels étaient destinés à accorder à chaque membre de la société Hébraïque, avaient aussi servi comme symboles efficaces de la Rédemption messianique.
Dans la version Deutéronome du quatrième commandement, le Sabbat est explicitement lié à la libération de l’Exode: « Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d’Egypte, et que l’Eternel, ton Dieu, t’en à fait sortir à main forte, et à bras étendu: c’est pourquoi l’Eternel, ton Dieu, t’a commandé de célébrer le jour du Sabbat » (Dt 5.15).
Le rapport entre le Sabbat et la délivrance de l’Exode peut expliquer pourquoi le Sabbat devint idéologiquement attaché à la Pâque, qui était la célébration annuelle de la délivrance de l’Egypte. D’une certaine façon, le Sabbat vint a être connu comme une « petite Pâque », de la même façon que plusieurs Chrétiens voient leur Dimanche hebdomadaire comme étant une « petite Pâques ».
Le rapport rédempteur entre le Sabbat et la Pâque peut être vue dans l’usage du terme « shabbat » (Sabbat) dans Lévitique 23, qui désignait deux fêtes annuelles: la Pâque et la fête annuelle des expiations (v. 11,15,32). La dernière, comme la première, avait aussi un sens rédempteur eschatologique. Au jour des expiations, le souverain sacrificateur, après avoir encensé le saint des saints, priait pour une année de prospérité et pour l’arrivée du Messie (Gemara 53b).
Quelques Rabbins enseignaient: « Pendant le septième mois, le mois de Tishri qui arrive, je te rachèterai. Mais ce Tishri est arrivé, et un autre Tishri de plus, et cependant, Tu ne m’as pas racheté.» Cet énoncé est remarquablement similaire au commentaire rabbinique concernant le Sabbat, cité plus haut: « A la fin du Sabbat, le fils de David viendra. R. Joseph soulève l’objection: Mais beaucoup de Sabbats ont passé, cependant, il n’est pas venu!»
Les années sabbatiques et la Rédemption.
La remise, promise aux opprimés de la société Hébreuse par l’année sabbatique (chaque septième année, Lv 25.8) joua un rôle majeur en entretenant la vision de la Rédemption messianique. La raison étant que les années sabbatiques avaient au moins trois importantes caractéristiques messianiques.
Premièrement, c’était la promesse de remise des dettes et de propriété personnelle, laquelle fournissait une image effective pour symboliser la délivrance messianique attendue (Es 61.1-3,7; 40.2).
Il convient de noter que le terme « pardon » (aphesis) dans le Nouveau Testament est le même terme employé dans la Septante pour désigner les Sabbats annuels, qu’on appelle techniquement « la remise » [« relâche »- S], « la remise du Seigneur », « l’année de la remise » (Dt 15.1,2,9; 31.10; Lv 25.10). Ceci suggère que la vision de la remise sabbatique des injustices sociales ait été vue comme la préfiguration de la remise messianique future de l’esclavage du péché.
Esaïe 61.1-3 emploie l’image de la remise sabbatique pour décrire la mission du Messie qui apportera l’amnistie jubilaire et la remise (libération) des captifs. Bientôt, on verra que le Christ se servira de cette même image pour annoncer et expliquer la nature de Sa mission rédemptrice.
Une seconde caractéristique messianique des années sabbatiques peut-être vue dans la sonnerie du cor (yobel duquel vient le terme « jubilé »). Esaïe se sert de l’image de la sonnerie du cor du jubilé pour décrire le rassemblement messianique des exilés (Es 27.13; cf. Za 9.9-14). Il est possible que le Nouveau Testament se réfère à la même image du jubilé quand il décrit que la trompette annonce le retour du Christ (1 Co 15.52; 1 Th 4.16; Mt 24.31).
La troisième caractéristique messianique se rapporte à la sonnerie de la trompette au dixième jour du septième mois (la fête annuelle des expiations), quand on faisait retentir les sons éclatants du cor pour annoncer l’année du jubilé (Lv 25.9). Au jour des expiations, Dieu offrait au peuple le pardon et un nouveau commencement moral (Lv 16.13-19). C’était ceci qui inaugurait la remise sabbatique de l’année du jubilé.
Le rapport entre le jour des expiations et l’année du jubilé fut remarqué par des rabbins qui ont dit: « Le Seigneur veut pardonner la dette d’Israël, le septième mois qui est Tishri, à la sonnerie du cor. Tout comme le Saint Fidèle (bénit soit-Il) a eu miséricorde pour Israël dans cette ère au moment de la sonnerie du cor, de même, dans le futur, J’aurai miséricorde sur vous par le cor et Je ramènerai vos rachetés ».
La structure sabbatique du temps.
L’unique caractéristique messianique des années sabbatiques inspira apparemment l’usage de la structure sabbatique du temps pour mesurer le temps d’attente de la Rédemption messianique. Certains appellent ce phénomène « le messianisme sabbatique » ou le « chronomessianisme ».
L’endroit classique du messianisme sabbatique se trouve dans Daniel 9, où deux périodes sabbatiques sont données. La première se rapporte aux 70 années de la prophétie de Jérémie concernant le temps de la restauration nationale des Juifs (Dn 9.3-19) et qui consiste en 10 années sabbatiques (10X7).
La seconde période est de « 70 semaines (chabouim) » techniquement « soixante-dix cycles sabbatiques », lesquels mènent à la Rédemption messianique (Dn 9.24-27). Ce messianisme sabbatique se trouve plus tard dans la littérature Juive, tel que le livre des Jubilés (7.29) et le texte fragmentaire de IIQ Melchisédek (découvert en 1956 dans la grotte II de Qumran). De plus, d’autres exemples se trouvent dans la tradition rabbinique. Par exemple, le Talmud dit: « Élie dit à rabbin Juda… « le monde ne durera pas plus que 85 jubilés, et dans le dernier jubilé, le fils de David viendra ».
Conclusion.
Ce bref exposé des symboles sabbatiques; tel que la paix et la prospérité du Sabbat, le repos du Sabbat, la libération du Sabbat, et la structure sabbatique du temps; indique qu’au temps de l’Ancien Testament, les Sabbats hebdomadaires et annuels servaient, non seulement pour fournir le repos physique et la libération des injustices sociales, mais aussi pour incarner et nourrir l’espoir de la Rédemption future messianique.
Rabbin Heschel saisit vivement le symbolisme messianique du Sabbat dans l’Ancien Testament, quand il écrit: « Sion est en ruines, Jérusalem gît dans la poussière. Durant toute la semaine, il y a seulement l’espérance de Rédemption; comme si, pour un moment, l’esprit du Messie se déplaçait sur la surface de la terre ».
II. La Rédemption sabbatique dans le Nouveau Testament
L’existence dans l’Ancien Testament du symbole messianique rédempteur du Sabbat nous invite à considérer comment le Nouveau Testament établit le rapport du Sabbat à la mission et au ministère rédempteur du Christ. Est-ce que le ministère rédempteur du Christ est vu comme la terminaison ou l’actualisation de la signification messianique du Sabbat? Pour répondre à ces questions, on examinera brièvement quelques passages sur le Sabbat, dans les livres de Luc, Matthieu, Jean, et Hébreux.
1. Le Sabbat dans Luc
Le Discours à Nazareth.
Luc introduit le Christ comme un observateur habituel du Sabbat (« selon sa coutume » 4.16) qui prononça Son discours d’inauguration à Nazareth, un jour de Sabbat, en lisant et commentant un passage tiré principalement d’Esaïe 61.1-3 (aussi 58.6) qui dit: « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint [pour guérir ceux qui ont le coeur brisé;] pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres; Il m’a envoyé pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles, le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour proclamer une année de grâce du Seigneur » (Luc 4.18-19).
Auparavant, on a remarqué qu’Esaïe décrit dans ce passage, par le moyen d’images tirées des années sabbatiques, la libération que le Messie apporterait à Son peuple. Le Christ s’est servi de ce passage pour se présenter Lui-même au peuple, comme le véritable accomplissement de leur espérance messianique, entretenue par la vision des années sabbatiques. La dernière est clairement indiquée par la brève interprétation de ce passage, par Jésus: « Aujourd’hui cette Ecriture, que vous venez d’entendre, est accomplie » (4.21).
Le thème de promesse et d’accomplissement revient souvent dans tous les Evangiles, Luc y compris. Selon Luc, le Christ ressuscité expliqua à Ses disciples que Son enseignement et Sa mission représentaient l’accomplissement de « tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les Psaumes » (Luc 24.44; cf. 24.26-27). Comment est-ce que le Sabbat correspond à ce thème de promesse et d’accomplissement? Est-ce que le Christ a accompli les symboles messianiques du Sabbat en terminant ou actualisant et enrichissant sa fonction? Pour répondre, regardons à l’enseignement et au ministère sabbatique du Christ.
Les premières guérissons durant le Sabbat.
L’annonce du Christ de Son messianisme (Luc 4-16-21) est suivie, dans Luc, de deux épisodes de guérissons durant le Sabbat. La première prit place dans la synagogue de Capernaüm, durant le culte du Sabbat, et résulta en une guérison spirituelle d’un homme possédé par un démon (Luc 4.31-37; Marc 1.21-28).
La seconde guérison fut accomplie immédiatement après le culte religieux, dans la maison de Simon, et elle résulte au rétablissement physique de la belle-mère de Simon (Luc 4.38-39; Marc 1.29-31). Cette guérison résulte dans la réjouissance pour toute la famille et dans le service: « A l’instant elle se leva et se mit à les servir » (Luc 4.39).
Les thèmes de libération, de joie, et de service qui sont présents dans une forme embryonnaire dans ces premiers actes de guérisons; ils seront plus explicitement associés à la signification du Sabbat, dans le ministère subséquent du Christ.
La femme infirme.
La guérison de la femme infirme, rapportée seulement par Luc, éclaircit d’avantage la relation entre le Sabbat et le ministère de salut du Christ. Dans cette narration brève (Luc 13.10-11), le verbe « libérer/délivrer – luein » est employé trois fois par le Seigneur, ce qui suggère un usage intentionnel plutôt qu’accidentel, de ce terme.
D’abord, le verbe est employé par le Christ en s’adressant à la femme: « Tu es délivrée de ton infirmité » (13.12). Deux fois encore, le verbe est employé par le Christ, en réponse à l’indignation du dirigeant de la synagogue: « Hypocrites, chacun de vous, pendant le Sabbat, ne détache-t-il pas de la crèche son boeuf ou son âne pour le mener boire? Et cette femme, qui est une fille d’Abraham, et que Satan tenait liée depuis 18 ans, il n’aurait pas fallu la détacher de ce lien le jour du Sabbat » (13.15-16)?
Raisonnant d’une cause mineure à une cause majeure, le Christ montre comment le Sabbat avait été paradoxalement déformé. Un boeuf ou un âne pouvait être légitimement détaché le Sabbat dans le but de boire (probablement à cause qu’un jour sans eau pouvait résulter dans la perte de poids, et par conséquent, moins de valeur au marché), mais une femme qui souffre, ne pouvait pas être délivrée des entraves de son infirmité physique et spirituelle, le jour du Sabbat.
Le Christ a agi délibérément contre les idées fausses les plus répandue afin de remettre le dessein intentionnel de Dieu pour ce jour. Il doit être remarqué que dans ceci, aussi bien que dans tout autres circonstances, le Christ ne met pas en doute les obligations irrévocables du commandement du Sabbat, mais plutôt, Il plaide pour ses vraies valeurs qui ont été largement obscurcies par l’accumulation de traditions et de règlements innombrables.
La Rédemption du Sabbat.
L’image de libérer, pendant le Sabbat, une victime liée par les liens de Satan (Luc 13.16) rappelle l’annonce du Christ de Sa mission de « proclamer aux captifs la délivrance… renvoyer libre les opprimés » (Luc 4.18). L’acte de Jésus de délivrer une fille d’Abraham des liens physiques et spirituels le Sabbat, ne démontre-t-il pas comment la libération du Sabbat messianique fut accomplie (Luc 4.21)?
Le rapport entre les deux est reconnu, par exemple par Paul K. Jewett, qui remarque avec perspicacité: « Nous avons dans la guérison de Jésus le Sabbat, non seulement des actes d’amour, de compassion et de miséricorde, mais des vrais « actes sabbatiques », des actes qui révèlent que le Sabbat messianique, l’accomplissement du repos du Sabbat de l’Ancien Testament, s’introduit dans notre monde. Par conséquent, de tous les jours, le Sabbat est le plus approprié pour guérir ».
Les actes de guérison des gens, telle que la femme infirme, ne sont pas seulement des actes d’amour et de compassion, mais de vrais « actes sabbatiques » qui révèlent comment la Rédemption messianique, représentée et promise par le Sabbat, fut accomplie par le ministère salutaire du Christ.
Comment est-ce que la femme et les gens, qui furent témoins de l’intervention salutaire, vinrent-ils à voir le Sabbat? Luc rapporte que les « adversaires [du Christ] étaient remplis de confusion, et la foule se réjouissait » (13.17), et que la femme « glorifia Dieu » (13.13). Indubitablement, pour la femme guérie et pour tout le peuple béni par le ministère sabbatique du Christ, le Sabbat devint le commémoratif de la guérison de leurs corps et de leurs âmes, l’exode des chaînes de Satan à la liberté du Sauveur.
2. Le Sabbat dans Matthieu
Matthieu n’introduit aucun épisode de Sabbat jusqu’à presque la moitié de son Evangile. Alors, il raconte deux épisodes de Sabbat (Mt 12.1-14) desquels il associe temporellement l’offre de repos en Jésus (Mt 11.28-30). On procédera à examiner premièrement, la nature du « repos » offert par le Christ, et alors, son rapport à ces deux épisodes de Sabbat.
Le repos du Sauveur.
Dans Mt 11.28-30, le Christ offre une invitation unique: « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est aisé et mon fardeau léger ». Quelle est la nature du « repos » offert par le Christ dans ce passage célèbre? Pour répondre à cette question, il est important d’étudier le contexte immédiat et plus large.
Dans son plus large contexte, l’offre du repos, propre à Jésus, est intercalée entre plusieurs exposés de rejets, d’oppositions: le doute de Jean Baptiste (11.1-6), le rejet par une génération incroyante (11.7-19) et par les villes du pays de Galilée (11.20-24), les complots des Pharisiens (12.14), le rejet des guérisons du Christ par les Pharisiens (12.22-37), la réprimande à une génération incroyante (12.38-45), et le malentendu par Sa famille (12.46-50).
Dans le contexte de cette opposition exceptionnelle et ce malentendu, Jésus révèle Son identité messianique en Se proclamant Lui-même, « le Fils » qui « connaît » et révèle « le Père » dans une façon unique (11.27). Pour soutenir cette prétention messianique, le Christ offrit le repos messianique symbolisé par le Sabbat (11.28-30).
Révélation messianique.
On a déjà remarqué comment le repos du Sabbat aux temps de L’Ancien Testament, servait à entretenir l’espérance messianique. L’âge messianique était espéré d’être en sa totalité « Sabbat et repos dans la vie éternelle ». Dans ce contexte, il apparaît que le Christ, en offrant Son repos immédiatement après Sa révélation messianique, avait l’intention de prouver Sa prétention messianique en offrant ce que le Messie était espéré d’apporter, c’est à dire, la paix et le repos symbolisés par le Sabbat.
Luc fournit un parallèle semblable dans le discours à Nazareth, où Jésus annonce Son programme messianique en citant le passage sabbatique d’Ésaïe 61.1-3, lequel décrit la Rédemption messianique par l’image de la libération du Jubilé. Il semblerait alors que, comme dans Luc 4.16-21, où Jésus commence Son ministère nazaréen en affirmant d’être l’accomplissement de la libération messianique entretenue par la vision des années sabbatiques; ainsi, dans Matthieu 11.25-30, Il révèle pour la première fois Son messianisme en offrant le « repos » symbolisé par le Sabbat.
Le repos du Sauveur et le Sabbat.
La liaison entre le repos de Jésus et le Sabbat est aussi indiquée dans Matthieu, par l’emplacement du premier (11.28-30) dans le contexte immédiat de deux épisodes de Sabbat (12.1-14). Les deux sont reliés, comme plusieurs érudits ont noté, non seulement dans la structure, mais aussi temporellement, par la phrase: « en ce temps-là » (12.1). Le temps est le jour du Sabbat, quand Jésus et ses disciples traversèrent des champs de blé.
Le fait que, selon Matthieu, le Christ offrit Son repos un jour de Sabbat, suggère la possibilité que les deux soit reliés, non seulement temporellement, mais aussi théologiquement. La connexion théologique entre les deux est éclaircie par les deux épisodes de Sabbat dont la fonction est d’expliquer comment le repos messianique offert par le Christ est rattaché au Sabbat. Toutefois, avant d’examiner les deux épisodes du Sabbat, il faut considérer la formule de « repos » offert par le Christ.
Le repos par le joug du Christ.
La formule pour le repos est exprimée dans un paradoxe conscient: « Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car Je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez du repos (anapausis) pour vos âmes. Car mon joug est aisé, et mon fardeau léger » (11.29-30). Comment un « joug » peut-il être aisé et donner le repos? La réponse se trouve dans la nature du joug offert par le Christ.
La métaphore du « joug » était couramment employée pour exprimer la subordination et la loyauté à Dieu, spécialement par l’obéissance à Sa loi (Jr 5.5; 2.20; Ac 15.10; Ga 5.1). Les rabbins parlaient souvent « du joug de la Torah » et du « joug des commandements ». Le « joug » offert par le Christ, n’est pas un engagement à un nouvel ensemble de principes (une nouvelle Torah), mais une consécration à une Personne qui est le vrai interprète et Réalisateur de la loi et des prophètes.
L’accent avec insistance sur la Personne saute aux yeux: « Venez à moi… Prenez mon joug… Recevez mes instructions… Je vous donnerai du repos. » De plus, la structure parallèle des versets 28 et 29, indique que prenant le « joug » de Jésus, est équivalent à venir à lui et de recevoir ses instructions, c’est à dire, d’accepter personnellement Jésus comme Messie.
L’acceptation du Christ est un joug « aisé » et « léger », non parce que Jésus affaiblit les demandes de la foi (comparez Mt 5.20), mais parce que Jésus offre à ses disciples (notez le je [kago] accentué) le repos de la Rédemption messianique que la loi, et plus spécialement le Sabbat, avaient toujours indiqué.
Le repos de la Rédemption.
Les deux incidents pendant le Sabbat, que dans Matthieu, sont liés en structure et en temps au « joug aisé » et au « repos » offert par le Christ, servent à éclaircir la relation entre le repos du Sauveur et le Sabbat. La première histoire, concernant les disciples arrachant des épis de blé le Sabbat (Mt 12.1-8), explique le repos de Jésus comme un repos rédempteur, spécialement lorsque le Christ fit appel à l’exemple des sacrificateurs qui travaillaient intensément le Sabbat, dans le temple, et néanmoins étaient innocents (Mt 12.5).
En offrant plus de services et de sacrifices le Sabbat (Nb 28.8,9), pour qu’elle raison étaient-ils (les sacrificateurs) innocent? Certainement, ce n’était pas parce qu’ils prenaient un autre jour de congé durant la semaine. Une telle disposition n’est pas considérée dans l’Ancien Testament. L’absence d’une telle disposition constitue un défi direct au principe d’un jour dans sept.
Donald Carson reconnaît sagement ceci: « Si le principe de l’Ancien Testament était réellement « un jour dans sept pour l’adoration et le repos » au lieu « du septième jour pour l’adoration et le repos », on pourrait espérer que la législation de l’Ancien Testament prescrit un autre jour de congé pour les sacrificateurs. Un tel manque confirme l’importance attachée dans l’Ancien Testament, au septième jour, par contraste au simple principe d’un jour dans sept, si grandement invoqué par ceux qui désirent voir dans le dimanche, l’exact équivalent pour le Nouveau Testament que le Sabbat de l’Ancien Testament.»
La raison pour l’innocence des sacrificateurs se trouve dans la nature rédemptrice de leurs services de Sabbat. Une fonction importante des services et sacrifices du temple durant le Sabbat, annonçait au peuple la délivrance spéciale divine du péché et de la culpabilité. Le Christ trouve dans le travail rédempteur sabbatique, accompli symboliquement par les sacrificateurs, une base valable pour justifier Son propre ministère sabbatique, parce qu’il voyait ceci comme quelque chose « plus grand que le temple » 12.6).
La Rédemption offerte symboliquement par les sacrifices et les services du temple par les sacrificateurs, est présentement fournie avec réalisme par la mission salutaire du Fils de l’homme, le Messie. Ainsi donc, de même que les sacrificateurs étaient innocents en accomplissant leurs services sabbatiques dans le temple, ainsi furent les disciples de Jésus, en servant Celui qui est plus grand que le Temple.
Cette fonction rédemptrice du Sabbat, est peut-être aussi impliquée dans le verset suivant où Jésus cite Osée (6.6): « Si vous aviez reconnu ce que signifie: Je veux la miséricorde et non le sacrifice, vous n’auriez pas condamné des innocents » (Mt 12.7). Ce que Jésus semble dire, c’est que les disciples furent « innocents » parce que la signification du commandement du Sabbat n’est pas seulement « sacrifice » , c’est à dire, de devoirs, en apparence religieux, envers Dieu, mais aussi « miséricorde », c’est à dire, des attitudes et activités de compassion et de souci pour l’humanité, motivées par la miséricorde rédemptrice de Dieu.
Selon Matthieu, dans ce contexte, Jésus proclama Sa suzeraineté sur le Sabbat: « Car le Fils de l’homme est maître du Sabbat » (12.8). Le fait que la suzeraineté du Christ sur le Sabbat, soit reliée, dans Matthieu, à Lui-même étant « plus grand que le temple », et à la miséricorde divine envisagée par le Sabbat, suggère que la suzeraineté de Jésus sur le Sabbat soit déterminée par Son accomplissement messianique de Rédemption et de miséricorde, symbolisées par le temple et le Sabbat. Cette interprétation suggère que le repos messianique (11.28-29) et la suzeraineté messianique sur le Sabbat (12.8) soient réunis théologiquement dans Matthieu, par le même motif d’accomplissement de la Rédemption messianique préfigurée par le Sabbat.
Un repos de restauration.
La proclamation par le Christ de sa suzeraineté sur le Sabbat est suivie immédiatement d’un second incident concernant la guérison d’un homme à la main desséchée (Mt 12.9-14). La fonction de cet incident est de démontrer comment Jésus exerçait Sa suzeraineté sur le Sabbat en offrant la guérison et la restauration messianique ce jour-là.
Il convient de noter que chacune des sept guérisons pendant le Sabbat, rapportées dans les Evangiles, sont accomplies par le Christ, au profit de personnes chroniquement malades. Ces actes de guérison intentionnels, accomplis par le Christ, le Sabbat, au profit de personnes incurables, servent à démontrer comment Jésus accomplit les espérances messianiques entretenues par la célébration du Sabbat.
Donald A. Carson, remarque que la guérison de l’homme à la main desséchée « représente Jésus accomplissant une guérison messianique ce jour-là. Ceci n’est-il pas une partie intégrante, essentielle de l’exécution de motif d’accomplissement de Matthieu? Le repos que le Sabbat avait toujours envisagé commence maintenant à apparaître.»
Conclusion.
Cette étude brève montre que dans Matthieu, le repos du Sabbat de l’Ancien Testament est vu comme étant actualisé par le Christ qui offre à Ses disciples le repos messianique. Les deux épisodes de Sabbat , rapportés par Matthieu, qualifient la signification du repos du Sabbat, premièrement comme Rédemption messianique, par ses références à la miséricorde et aux services du Sabbat accomplis par les sacrificateurs; et secondement, comme restauration messianique, par l’exemple de sauvetage du mouton au jour du Sabbat, et du rétablissement de la santé de l’homme malade. À la lumière de cette compréhension messianique rédemptrice du Sabbat, comment le Sabbat était-il observé dans la communauté de Matthieu et dans l’ensemble de l’église apostolique? On considérera cette question dans le chapitre 5.
3. Le Sabbat dans Jean
Dans Jean, la relation entre le Sabbat et le travail du salut par le Christ apparaît dans les deux miracles du Sabbat, à savoir, la guérison du paralytique (Jn 5:1-18) et de l’homme aveugle (Jn 9:1-41). Pour réfuter l’accusation d’avoir violé le Sabbat, en ayant chargé le paralytique de transporter son lit, le Christ fit un énoncé mémorable: « Mon Père travaille jusqu’à présent. Moi aussi, je travaille.» (Jn 5:17)
Quelle est la nature du « travaille jusqu’à présent » du Père? Représente-t-elle une négation ou une clarification de la loi du Sabbat? Pour répondre à cette question, nous considérerons brièvement le sens de l’adverbe « jusqu’à présent », et la signification du verbe « travaille » et les implications théologiques de ce passage.
L’adverbe « jusqu’à présent ».
Traditionnellement, la locution adverbiale « jusqu’à présent » fut interprétée comme étant le travail continuel de Dieu (soit dans la création, la préservation, ou la Rédemption) qui outrepasse ou abroge la loi du Sabbat. Mais, est-ce que la locution adverbiale « jusqu’à présent » suggère que Dieu est constamment au travail, sans respect pour le Sabbat? L’adverbe même (« jusqu’à »), surtout quand il est employé dans le Grec dans sa position emphatique devant le verbe, présuppose, non la constance mais la culmination. La dernière est mise en évidence par quelques traducteurs, par l’emploi de la forme emphatique « même jusqu’à maintenant ».
Cette locution adverbiale présuppose un commencement (terminus a quo) et une fin (terminus ad quem). Le premier est apparemment le premier Sabbat, celui de la création (Gn 2:2-3) et la dernière, le dernier repos du Sabbat, envisagé dans une déclaration sabbatique, semblable, comme la « nuit… où personne ne peut travailler » (Jn 9:4). Ce que Jésus dit alors est que, même si Dieu se reposa le Sabbat à l’achèvement de la création, à cause du péché, Il a travaillé « jusqu’à présent » pour amener le repos promis du Sabbat, à sa réalisation.
Le verbe « travaille ».
Qu’elle est la signification du verbe « travaille » jusqu’à présent du Père? Dans l’Evangile de Jean, le travail et les travaux de Dieu, sont à plusieurs reprises et explicitement identifiés, pas avec la création divine continuelle, pas avec le maintien constant de l’univers, mais avec la mission de salut du Christ.
Jésus déclare catégoriquement: « Ce qui est l’oeuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé » (Jn 6:29). Et encore: « Si je ne fais pas les oeuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand même vous ne me croyez point, croyez à ces oeuvres, afin que vous sachiez et reconnaissiez que le Père est en moi et que je suis dans le Père » (Jn 10:37-38; voir aussi 4:34; 14:11; 15:24).
La nature rédemptrice des oeuvres de Dieu est évidente dans la guérison de l’homme aveugle, puisque l’acte est explicitement décrit comme la manifestation des « oeuvres de Dieu » (Jn 9:3TOB). Ceci signifie alors que Dieu termina Ses oeuvres de création, le Sabbat, mais pas son travail en général. À cause du péché, Il est engagé dans une oeuvre de Rédemption « jusqu’à présent ». On peut dire, en se servant des mots de A.T. Lincoln: « En ce qui concerne le travail de la création, le repos de Dieu était final, mais comme ce repos était destiné au profit de l’humanité, quand il fut troublé par le péché, Dieu travailla dans l’histoire, pour accomplir son but d’origine ».
Les implications théologiques.
Quelles sont les implications théologiques de la défense du Christ? Fait-il appel au « travaille » de Son Père pour annuler ou éclaircir la fonction du Sabbat? Pour comprendre les implications de la défense du Christ, on a besoin de se souvenir que le Sabbat est lié au cosmos par la création (Gn 2:2-3; Ex 20:11), et à l’Exode par la Rédemption (Dt 5:15).
En interrompant toute activité séculière, l’Israélite se souvenait du Dieu-Créateur, en agissant miséricordieusement envers ses semblables, il imitait le Dieu-Rédempteur. Ceci était vrai, pas seulement dans la vie du peuple en général, qui durant le Sabbat devait être compatissant envers les déshérités, mais surtout dans le service des prêtres qui pouvaient légitimement accomplir le Sabbat, des travaux défendus aux autres Israélites, parce que de tels travaux avaient une fonction rédemptrice.
Sur la base de cette théologie du Sabbat, admit par les Juifs, le Christ défend la légalité du « travaille » que Lui et Son Père accomplirent le Sabbat. Le Christ fait appel aux services du temple pour justifier Ses activités du Sabbat, parce que leurs fonctions rédemptrices démontrent mieux Sa mission messianique et le but divinement prévu du Sabbat.
Le Christ emploie encore le même raisonnement de défense quand Il invoque l’exemple de la circoncision, pour réduire au silence, l’écho de la controverse sur la guérison du paralytique (Jn 7:22-24). Le Seigneur démontre que si c’est légitime, le Sabbat, pour les prêtres de s’occuper d’une petite partie du corps de l’homme (selon le raisonnement rabbinique, la circoncision a à faire à un des 248 membres de l’homme) afin de transmettre à l’enfant nouveau-né, le salut de l’alliance, il n’y a pas de raison d’être « irritez » avec Lui d’avoir restauré en ce jour « un homme tout entier » (7:23).
Le ministère rédempteur.
Pour le Christ, le Sabbat est le jour pour travailler à la Rédemption de l’homme dans sa totalité. Ceci est confirmé par le fait que, dans les deux guérisons, le Christ chercha les hommes guéris, le même jour, et les ayant trouvés, Il pourvut à leur besoin spirituel (5:14; 9:35-38).
Les adversaires du Christ ne pouvaientt pas percevoir la nature rédemptrice de Son ministère de salut, parce qu’ils jugeaient « selon l’apparence » (7:24). Pour eux, le grabat et l’argile sont plus important que la réunion sociale (5:10) et que le rétablissement de la vue (9:14), symbolisés par ces choses. Par conséquent, il était nécessaire, pour le Christ, d’agir contre les idées fausses qui régnaient, afin de rétablir le Sabbat dans sa fonction positive.
Dans la guérison de Sabbat de l’homme aveugle, décrit dans Jean 9, le Christ étend à ses disciples, l’invitation de s’unir à la même chaîne rédemptrice, en disant: « Il nous faut travailler, tant qu’il fait jour, aux oeuvres de celui qui m’a envoyé; la nuit vient où personne ne peut travailler. » (9:4) La « nuit » se rattache apparemment à la fin de l’histoire du salut, une fin que nous trouvons impliquer dans la locution adverbiale « jusqu’à présent ». Une telle conclusion de l’activité rédemptrice divine et humaine inaugura le dernier Sabbat, duquel le Sabbat de la création était un prototype.
Pour accomplir ce dernier Sabbat, la divinité « travaille » pour notre salut (Jn 5:17), mais aussi « il nous faut travailler » pour l’offrir aux autres (9:4). Les considérations précédentes, indiquent que les deux guérisons de Sabbat rapportées par Jean, justifient la signification rédemptrice du Sabbat qu’on a déjà trouvé dans Luc et Matthieu, c’est à dire, un temps pour ressentir et partager les bénédictions du salut accompli par le Christ.
4. Le Sabbat dans « Hébreux »
Le sens rédempteur du Sabbat, qu’on a trouvé dans les Evangiles, est reflété dans le livre aux Hébreux. L’auteur fait appel aux compréhensions eschatologiques existantes du repos du Sabbat, pour établir un rapport entre le repos de Dieu, le septième jour de la création (Hé 4:4), à tout le repos et la paix que Dieu avait l’intention d’accorder à son peuple.
En reliant deux passages, c’est à dire, la Genèse 2:2 et Psaume 95:7, 11, l’auteur explique pourquoi le repos divin, promis à la création, ne fut pas épuisé quand les Israélites, sous Josué, trouvèrent un lieu de repos dans Canaan; puisque Dieu offrit encore Son repos « longtemps après » par David (Hé 4:7; cf. Ps 95:7). Par conséquent, le repos du Sabbat, promis par Dieu et commencé par la venue du Christ, attend encore une pleine réalisation (Hé 4:9). C’est en croyant en Jésus-Christ que le peuple de Dieu peut enfin faire l’expérience « entrer » (43,10, 11) de « bonnes nouvelles » du repos de Dieu, promis « le septième jour » de la création (4:4).
Une observation du Sabbat, littérale ou figurative?
Quelle déduction peut être légitimement tirée de ce passage concernant l’observation actuelle et la compréhension du Sabbat parmi les destinataires des « Hébreux »? La position de la majorité des commentateurs, est que ce passage ne fournit pas d’indication que ces « Hébreux » Chrétiens observaient vraiment le Sabbat, ou que l’auteur avait l’intention de donner une interprétation Chrétienne pour une telle observation. Quelles sont les raisons présentées pour une telle position? À la base, il y en a trois.
Premièrement, il est démontré que puisque l’auteur ne discute pas sur la véritable observation du Sabbat, mais, sur la permanence et sur l’accomplissement de son repos par la venue du Christ; aucune déduction peut-être tirée concernant sa véritable observance.
Secondement, il est signalé que puisque le « repos de sabbat réservé au peuple de Dieu » (4:9) est une réalisation future, l’exhortation d’entrer dans le repos de Dieu (4:10,11) n’a pas d’implication pour la présente observation du jour.
Troisièmement, il est présumé que, puisque l’auteur, dans de nombreux endroits, montre qu’avec l’arrivée du Christ, certaines institutions de l’ancienne alliance sont devenues « anciennes » (8:13; 7:11-9:28), le Sabbat fut vraisemblablement envisagé comme appartenant aussi au passé.
Les « Hébreux » Chrétiens.
À notre avis, aucun de ces arguments n’est valide. Le premier argument manque de reconnaître que les destinataires de l’épître (que ce soit les Gentils ou les Juifs Chrétiens) furent si attirés à la liturgie Juive (de laquelle le Sabbat était une partie fondamentale), qu’il n’était pas nécessaire, pour l’auteur, de discuter ou d’encourager son observation. Ce que ces « Hébreux » Chrétiens avaient besoin réellement, tentés comme ils le furent de retourner au Judaïsme, était de comprendre le sens de son observation à la lumière du premier avènement du Christ.
L’expérience présente.
En ce qui concerne le second argument, il peut à peine être dit que dans Hébreux, le repos du Sabbat est vu, principalement en tant qu’allocation future, sans rapport à l’observation présente du jour. Le repos du Sabbat qui est « réservé au peuple de Dieu » (4:9) est présenté principalement en tant qu’expérience présente dans laquelle ceux qui ont cru « entrons » (4:3).
Le verbe « entrons » (4:3) est dans le temps présent, et dans le Grec, il est placé premier dans la phrase pour souligner la réalité présente de l’expérience de ce « repos ». Il en est de même du verbe « réservé » (4:9), que, s’il était enlevé de son contexte, pourrait supposer une perspective sur l’avenir, mais dans son contexte, il se rapporte au temps de Josué (4:8), afin d’accentuer la permanence présente du repos du Sabbat pour le peuple de Dieu.
Ancien ou réservé?
Ceci nous amène au troisième argument, qui maintient que le Sabbat de l’Ancien Testament est un type ou un ombre du repos final, que le Christ a rendu disponible à Son peuple, et que, par conséquent, sa fonction se terminait avec Sa venue.
Est-ce que Hébreux enseigne que le Sabbat, tel que le temple et ses services, termine sa fonction avec l’arrivée du Christ? On a noté dans le chapitre 2, que tandis que l’auteur d’Hébreux déclare le sacerdoce Lévitique et ses services abolis (10:9), démodés et « sur le point de disparaître » (8:13), il présente explicitement le « repos du Sabbat » comme bienfaits divins qui sont encore « réservés » (4:9).
Le verbe « réservé— apoleipetai » signifie littéralement « être laissé de côté ». Littéralement traduit, le verset 9 se lit: « Alors un repos du Sabbat est laissé de côté pour le peuple de Dieu ». La permanence du Sabbat est aussi supposée dans l’exhortation de s’efforcer « d’entrer dans ce repos » (4:11). Le fait qu’on doit faire des efforts pour « entrer dans ce repos » suppose que l’expérience du « repos » du Sabbat à aussi une réalisation future et par conséquent, ne peut avoir été terminé avec l’arrivé du Christ.
La nature du repos du Sabbat. Quelle est la nature de ce « repos de Sabbat » qui est encore réservé pour le peuple de Dieu (4:9)? Est-ce que l’auteur pensait à une observation du Sabbat littérale ou spirituelle? Le verset 10 décrit la caractéristique fondamentale de l’observation Chrétienne du Sabbat, c’est à dire, la cessation du travail: « Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses oeuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes.»
Historiquement, la majorité des commentateurs ont interprété la cessation du travail d’Hébreux 4:10 dans un sens figuratif, c’est à dire, comme une « abstention du travail servile,» ce qui signifie, des activités pécheresses. Ainsi, l’observation du Sabbat, par les Chrétiens, ne signifie pas l’interruption du travail journalier, le septième jour, mais l’abstention d’actions pécheresses en tout temps.
Pour soutenir ce point de vue, on fait appel à la référence d’Hébreux aux « oeuvres mortes » (6:1; 9:14). Cependant, un tel concept, ne peut pas être relu dans Hébreux 4:10, où une comparaison est faite entre la cessation humaine et divine d’« oeuvres ». Il serait absurde de penser que Dieu cessa d’oeuvres impures. Le point d’analogie est simplement que comme Dieu cessa le septième jour du travail de sa création, ainsi les croyants ont à cesser le même jour de leurs travaux. Ceci est un simple énoncé de la nature de l’observation du Sabbat, qui comprend essentiellement la cessation de travaux.
Une observation littérale du Sabbat.
Un support d’avantage pour une compréhension littérale de l’observation du Sabbat est fourni par l’usage historique du substantif « sabatismos— repos de Sabbat » qui se trouve dans Hé 4:9. Ce terme se trouve seulement une fois dans le Nouveau Testament, mais il est employé plusieurs fois dans la littérature subséquente du Nouveau Testament, par Plutarque, Justin, Épiphane, les Constitutiones Apostolorum, et les Martyres de Pierre et de Paul [Martyrdom of Peter and Paul] en tant que terme technique pour l’observation du Sabbat.
A. T. Lincoln reconnaît que dans chacun de ces exemples ci-dessus, « le terme signale l’observation ou la célébration du Sabbat. Cet usage correspond à l’usage du verbe apparenté Sabbatizo de la Septante (cf. Ex 16:30; Lv 23:32; 26:34; 2 Ch 36:21); lequel aussi a référence à l’observation du Sabbat. Ainsi, l’auteur des Hébreux dit que depuis le temps de Josué, l’observation du repos du Sabbat a été inachevée ». Nous concluons alors, que la référence de la cessation du travail, dans le verset 10, et le terme « sabatismos— observation du Sabbat » employé dans le verset 9, rend abondamment clair que l’auteur pense à une observation littérale du Sabbat.
La signification de l’observation du Sabbat.
Est-ce que l’auteur des Hébreux encourage simplement ses lecteurs d’interrompre leurs activités séculières, le Sabbat? Considérant l’intérêt de l’auteur des Hébreux de contrebalancer la tendance de ses lecteurs d’adopter la coutume juive liturgique, en tant que moyen pour gagner accès à Dieu, l’auteur peut à peine avoir seulement accentué l’aspect de « cessation » physique de l’observation du Sabbat. Cet aspect donne seulement une idée négative du repos, laquelle, même, servirait seulement à encourager les dispositions judaïsantes existantes. Evidemment alors, l’auteur attribue un sens plus profond du repos du Sabbat.
Ce sens plus profond, peut-être vu dans l’antithèse que l’auteur fait entre ceux qui manquent d’entrer dans le repos de Dieu à cause de leur « incrédulité—apeitheias » (Hé 4:6, 11)— ce qui est l’infidélité qui résulte en désobéissance— et ceux qui entrèrent dans le repos par la « foi—pistei » (4:2,3)— ce qui est la fidélité qui résulte en obéissance.
L’acte du repos le Sabbat, pour l’auteur des Hébreux, n’est pas simplement une routine (cf. « sacrifice » Mt 12:7) mais plutôt une réponse de foi envers Dieu. Une telle réponse entraîne, pas l’endurcissement de son coeur (4:7), mais une consécration pour entendre « sa voix » (4:7). Ça signifie faire l’expérience du repos du salut de Dieu, pas par les « oeuvres » mais par la « foi » (4:2, 3, 11), pas par faisant mais par étant sauvé par la foi. Le Sabbat, comme Jean Calvin l’a si bien exprimé, les croyants doivent « cesser leurs travaux pour permettre à Dieu de travailler en eux ».
Le repos du Sabbat qui reste pour le peuple de Dieu (Hé 4:9) n’est pas un simple jour d’inactivité, pour l’auteur des Hébreux, mais plutôt une opportunité renouvelée chaque semaine pour entrer dans le repos de Dieu, c’est à dire, de se libérer des soucis du travail afin de faire librement l’expérience par la foi du repos de Dieu de sa création et Rédemption.
L’expérience du Sabbat, des bénédictions du salut, n’est pas épuisée dans le présent, puisque l’auteur encourage ses lecteurs à s’efforcer « d’entrer dans ce repos » (4:11). Cette dimension future du repos du Sabbat, montre que l’observation du Sabbat dans Hébreux exprime la tension entre le « déjà » et le « pas encore »; entre l’expérience présente du salut et son but eschatologique dans le Canaan céleste.
Cette interprétation développée de l’observation du Sabbat à la lumière de l’événement du Christ, était apparemment conçu pour éloigner les Chrétiens d’une compréhension trop matérialiste de son observation. Pour atteindre ce but, l’auteur, d’un côté rassure ses lecteurs de la permanence des bénédictions envisagées par le repos du Sabbat, et de l’autre côté, explique que la nature de ces bénédictions consiste dans l’expérience d’un présent repos du salut, et d’un repos futur de restauration que Dieu offre à ceux qui ont « cru » (4:3).
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons trouvé que Luc, Matthieu, Jean et Hébreux partagent une compréhension commune du sens rédempteur du Sabbat, à la lumière de la mission du Christ. L’arrivée du Christ est vue comme l’actualisation et la réalisation de la typologie rédemptrice du Sabbat. Par sa mission rédemptrice, le Christ offre aux croyants la « liberté » (Lc 4:18) et le « repos » (Mt 11:28) sabbatiques qu’ils attendaient.
À la lumière de la croix, le « repos de sabbat réservé au peuple de Dieu » (Hé 4:9) n’est pas seulement une cessation physique du travail, pour commémorer la création parfaite de Dieu, mais est aussi une entrée spirituelle dans le repos de Dieu (Hé 4:10) rendue possible par la Redemption complète du Christ. L’acte physique du repos devient le véhicule par lequel chacun fait l’expérience du repos spirituel. Nous cessons notre travail journalier pour permettre à Dieu de travailler en nous, plus librement et plus complètement.
Le Nouveau Testament reconnaît aussi la dimension eschatologique du Sabbat. L’assurance du Christ, que Lui et Son Père « travaille jusqu’à présent » (Jn 5:17) pour réaliser le repos final du Sabbat, est reflétée dans l’exhortation d’Hébreux à s’efforcer « d’entrer dans ce repos » (4:11). Ainsi le Sabbat est vu comme un temps pour faire l’expérience des bénédictions actuelles du salut, qui cependant, seront pleinement réalisées dans ce dernier Sabbat, quand, comme l’exprime éloquemment Augustin, « nous nous reposerons et verrons, verrons et aimerons, aimerons et glorifirons ».
Les sens créatifs et rédempteurs, que nous avons trouvé exprimés dans le Nouveau Testament, nous mènent à considérer la pratique actuelle de l’observation du Sabbat au temps du Nouveau Testament. Comment les croyants observaient-ils le Sabbat en ce temps? Nous dirigerons notre attention sur cette question dans le chapitre suivant.
Notes de bas de page
Pour mon analyse des typologies messianiques du Sabbat dans l Ancien Testament, voir Divine Rest for Human Restlessness (Rome, 1980), pp. 134-145; aussi “Sabbatical Typologies of Messianic Redemption,” Journal for the Study of Judaism, vol. 17, no. 2, (1987).
Gn 1:4, 10, 17, 18, 21, 24, 31.
Voir aussi Es 11:7-9; 65:25; Os 2:20.
Shabbath 12a; cf. aussi 12b. Les citations des traites de la Talmud utilisées dans ce chapitre sont de The Babylonian Talmud, ed. Rabbi Dr. I. Epstein (London, The Soncino Press).
Mishnah Shabbath 6:2. Les citations de la Mishna utilisées dans ce chapitre sont de The Mishnah, ed. Herbert Danby (London, 1933).
Pour une collection pratique de textes, voir Joseph Klausmer, The Messianic Idea in Israel (New York, 1955), pp. 43-44, 62-63, 85-86, 99-101, 158-160, 175-177, 283-284, 342-345, 377-378, 409-410, 505-512.
Traduit de The Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old Testament, ed. R. H. Charles (Oxford, 1913), vol. 2, pp. 497-498.
The Book of the Secrets of Enoch, un apocryphe de l’Ancien Testament composé entre l’an 1-50 de notre ère, fait allusion au système du septième jour du millenium quand il dit : «Et j’ai bénit le septième jour qui est le Sabbat… Dieu a démontrer à Hénoc l’âge de ce monde, son existence de sept mille ans» (32:3). Un système similaire était développé par les rabbins. Pirkê de Rabbi Eliezer affirme: «Celui qui est Saint, bénit soit-il, créa 7 durées et d’eux tous, Il choisit la septième durée seulement; les six durées sont pour les allées et venues… La septième durée est entièrement Sabbat et repos dans la vie éternelle» (traduit par Gerald Friedlander [New York, 1971], p. 141). Voir aussi Shabbath 30b; Kethubboth 111b.
Irénée, dans son Contre les Hérésies 5:33, 3-4, rapporte la description suivante du millenium donnée par Papias: «Les jours viendront quand les vignes grossiront, chacune avec 10000 pousses, et 10000 branches sur chaque pousses, et 10000 ramilles sur chaque branche, et 10000 groupes sur chaques ramilles, et 10000 grappes sur chaque groupe et chaque grappe quand elle sera pressée donnera 25 récipients de vin.» (traduit par Edgar J. Goodspeed, The Apostolic Fathers [New York, 1950], p. 263).
Pour mon analyse de Barnabé et de l’interprétation des Pères du Sabbat cosmique, voir Du Sabbat au Dimanche, traduction française de Dominique Sébire (P. Lethielleux, Paris 1984) pp. 181-185, et 228-234.
Tosephta Shabbat 16:22 lit: “Beth Shammai dit: «Les cotisations pour les pauvres ne sont pas permise le Sabbat dans la synagogue; même une dot pour marier un jeune homme orphelin à une jeune femme orpheline. Les disputes entre le mari et sa femme ne sont pas jugées et on ne doit pas prier pour le malade le Sabbat;» Beth Hillel permet ces activités.”
Theodore Friedman, “The Sabbath: Anticipation of Redemption, » Judaism 16, (1967): 445.
The Midrash on Psalms, traduit par William G. Braude (New Haven, 1959), vol. 2, p. 112. Dans une veine similaire Pirkê de Rabbi Eliezer dit: «Il créa le septième jour, (mais) pas pour travailler, parce qu’il n’est pas dit en rapport avec cela: “et il fut soir et il fut matin”. Pourquoi? Car il est réservé pour les générations (a venir), comme il est dit, “Et il sera un jour lequel est connu du Seigneur; ni jour et ni nuit” (Za 14:7)» (traduit par Gerald Friedlander [New York, 1971], p. 137). Cf. aussi Shabbath 11b; Berakhoth 58b; Rosh Hashanah 31a. Les Pères de l’Eglise prirent note aussi de l’absence d’une mention de «soir et matin» conjointement avec le septième jour de la création, et interpréta ceci comme représentant la paix éternelle future et le repos des saints. Par exemple Augustin dans ses Confessions, offre cette prière sublime: «O Seigneur Dieu, accorde Ta paix sur nous… la paix du repos, la paix du Sabbat, laquelle n’a pas de soir. Car toute cette plus belle succession de choses… disparaîtra, car en eux il y avait matin et soir. Mais le septième jour est sans un soir, ni un couchant, parce que Tu l’as sanctifié pour une durée éternelle, c’est ce que Tu fis après Tes oeuvres, lesquelles furent très bonne, se reposant le septième jour… que nous aussi, après nos travaux (donc très bon, parce que Tu nous les as donnés) puissions se reposer en Toi aussi dans le Sabbat de la vie éternelle» (The Confessions of St. Augustine 13, 50-51, Nicene and Post-Nicene Fathers, ed. Philip Schaff [Grand Rapids, 1979], first series v. 1, p. 207). Voir aussi son livre de la City of God, livre 22, chapitre 30.
The Midrash on Psalms (note 13), vol, 2, p. 112; cf. aussi Pirkê de Rabbi Eliezer (note 13), p. 126.
Le rôle rédempteur du Sabbat est particulièrement reflété dans la conviction exprimée par R. Eliezer de Modihim, que si l’Israël observait le Sabbat, le Seigneur lui donnerait la terre d’Israël, le royaume de la maison de David, le monde futur, le nouveau monde future (Mekilta, Vayassah 5:66-73). Voir aussi Shabbath 118b, 119b, 3a; Mishnah Aboth 5:8; Jubilees 2:28.
Voir, par exemple, Bereshith Rabbah 3:6; 11:2. Pour d’autres sources, voir Louis Ginzberg, Legends of the Jews (Philadelphia, 1946), vol. 5, p. 8, n. 19.
Voir The Midrash on Psalms (n. 13), vol. 2, p. 112; Pirkê de Rabbi Eliezer (n. 13), p. 144.
Abraham Joshua Heschel, The Sabbath: Its Meaning for Modern Man (New York, 1951), p. 23.
Sur le développement du thème-repos dans l’Ancien Testament, voir Gerhard von Rad, “There Remains Still a Rest for the People of God,” dans The Problem of the Hexateuch and other Essays (New York, 1966), pp. 94-102.
Ernst Jenni, Die Theologische Begründung des Sabbatgebotes im Alten Testament (Zurich, 1956), p. 282.
The Midrash on Psalms (n. 13), vol. 2, p. 113. L’auteur des Hébreux présente ce qui peut-être appelé trois différents niveaux de la signification du Sabbat-repos: le repos de la création (4:3), le repos national (4:6, 8), et le repos de la Rédemption (4:3, 7, 9, 10). Pour mon analyse de ce passage, voir Divine Rest for Human Restlessness (Rome, 1980), pp. 135-136, 164-170; et Du Sabbat au Dimanche, traduction française de Dominique Sébire (P. Lethielleux, Paris 1984) pp. 52-57.
The Books of Adam and Eve 51:1-2, dans R. H. Charles, The Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old Testament (Oxford, 1913), vol. 2, p. 43.
Willy Rordorf note que «dans la grande majorité des passages, le Sabbat, à la fin des temps était considéré d’être le paradis restauré» lequel était associé avec les jours du Messie. Quelques références qu’il nous donne, soutenant ce point, sont: “Es 2:2-5; 25:6ff.; 60-61 et passim; Assumption of Moses 10:1; 111:367-380, 652-660.” Cependant, d’autres références, selon Rordorf, indiquent que l’âge messianique précède ou prévoit l’établissement actuel du nouvel âge. Voir sa discussion dans Sunday: The History of the Day of Rest and Worship in the Earliest Centuries of the Christian Church (Philadelphia, 1968), pp. 48-50.
2 Baruck 73:1, dans R. H. Charles (n. 23), vol. 2, p. 518, nous soulignons.
Mishnah Tamid 7:4 (n. 5), p. 589.
Le rapport fondamental entre le Sabbat, la Pâque, et le Jour d’Expiation, apparaît être pas seulement théologique (c’est à dire, le motif de la Rédemption) et terminologique (c’est à dire, la désignation Shabbath) mais vraisemblablement aussi numérique. Saul J. Berman note que «Le fait que le calendrier Juif peut commencer avec soit le mois de Tishrei ou avec le mois de Nissan, cela nous permettra de reconnaître une relation supplémentaire du terme ‘Shabbat,’ au nombre sept. En comptant du mois de Tishrei, le septième mois, Nissan, comprend un Shabbat, c’est à dire, Pesah. En comptant les mois de l’année depuis Nissan donne Tishrei comme le septième mois, et ce mois aussi comprend un Shabbath, Yom Kippur . . . Pesah, dans le septième mois de Tishrei, et Yom Kippur, dans le septième mois de Nissan, ensemble constituent le Sabbat des mois» (“The
Extended Notion of the Sabbath,” Judaism 22 (1973):343). Le Sabbat hebdomadaire parait alors partager en commun avec le Sabbat mensuel et le Sabbat annuel (les années sabbatiques et les années de la jubilé) le thème de la Rédemption.
The Midrash on the Psalms (n. 13), vol. 2, p. 444.
Pour une discussion perceptive des caractéristiques rédempteurs des Sabbats annuels, voir George Wesley Buchanan, Revelation and Redemption (Dillsboro, North Carolina, 1978), pp. 9-10; aussi The Consequences of the Covenant (Leiden, 1970), p. 18.
Une analyse très valable du rapport entre la «délivrance» sabbatique et le «pardon» du Nouveau Testament est offerte par Robert B. Sloan, The Favorable Year of the Lord. A Study of Jubilary Theology in the Gospel of Luke (Austin, Texas, 1977).
Julian Morgenstern maintient que «selon toute probabilité la ‘grande trompette’ (Es 27:13), une sonnerie qui inaugurerait une nouvelle et favorable ère, pour l’Israël dispersé et vaincu, était un yobel. Tout ceci suggère puissamment que la trompette de la corne du bélier était d’un caractère exceptionnel, employé seulement pour des occasions extraordinaires et pour un but particulier (cf. Ex 19:13)…Cette année acquérait son nom tout simplement parce que cette unique, cinquantième année était inaugurée par cette sonnerie sur le yobel, tandis que le commencement des années ordinaires était signalé par une sonnerie seulement sur un shophar (2 Sam 15:10; cf. Lev 23:24)» (The Interpreter’s Dictionary of the Bible [Nashville, 1962], s. v. “Jubilee, Year of,” vol. 2, p. 1001).
Behodesh Hashebihi 172a, cité dans George W. Buchanan, Revelation and Redemption (Dillsboro, North Carolina, 1978), p. 13.
Le terme et concept de l’«eschatologie sabbatique» est employé et expliqué par George W. Buchanan, dans Revelation and Redemption (Dillsboro, North Carolina, 1978), pp. 3-6; aussi dans The Consequences of the Covenant (Leiden, 1970), pp. 9-17.
Les termes «messianisme sabbatique» et «chronomessianism» sont employés par Ben Zion Wacholder dans son article, “Chronomessianism. The Timing of Messianic Movements and the Calendar of Sabbatical Cycles,” Hebrews Union College Annual 46 (1975): 201.
Pour une édition et une analyse de 11Q Melchizedek, voir Joseph A. Fitzmyer, “Further Light on Melchizedek from Qumran Cave II,” Journal of Biblical Literature 86 (1967): 25-41; M. de Jonge et A. S. van der Woude, “11Q Melchizedek and the New Testament,” New Testament Studies 12 (1865-1966): 301-326.
Abraham Joshua Heschel, The Sabbath: Its Meaning for Modern Man (New York, 1951), p. 68.
Paul K. Jewett, The Lord’s Day: A Theological Guide to the Christian Day of Worship (Grand Rapids, 1972), p. 42.
Pirkê de Rabbi Eliezer, traduit par Gerald Friedlander (New York, 1971), p. 141.
Pour mon analyse étendue du contexte littéraire et de la nature sabbatique du repos du Christ, voir “Matthew 11:28-30: Jesus’ Rest and the Sabbath,” Andrews University Seminary Studies24 (Summer 1984): 1-23.
Voir, par exemple, J. Daniélou, Bible and Liturgy (South Bend, Indiana, 1956), p. 226; David Hill, The Gospel of Matthew (London, 1972), pp. 209-210; D. A. Carson, “Jesus and the Sabbath in the Four Gospels,” dans From Sabbath to Lord’s Day. A Biblical, Historical, and Theological Investigation (Grand Rapids, 1982), p. 66.
“The yoke of the Torah”: Pirkê Aboth 3:5; Sanhedrin 94b; Gen. Rab. 67:7. “The yoke of the kingdom of heaven”: Sota47b; Sanhedrin 111b. “The yoke of the commandments”: M. Ber. 2:2. “The yoke of God”: Pss. Sol. 7:8. Pour de références additionnelles concernant le «joug» voir H. L. Strack and P. Billerbeck, Kommentar zum Neuen Testament aus Talmud und Midrash (Munich, 1933), 1:608-610; I. Abrahams, Studies in Pharisaism and the Gospels (Cambridge, 1924), pp. 4-14. Cf. aussi Ecclesiasticus 51:26; Acts 15:10; Gal 5:1; 1 Clem. 16:17; Did. 6:1.
L’accentuation sur le «repos» qui est trouvé dans la Personne du Christ, est fait encore plus emphatique, comme il est noté par William Hendriksen, dans la traduction de la Syriaque (Peshitta): “Venez à moi… et Je vous reposerai… car Je suis paisible… et vous trouverez le repos pour vous mêmes (The Gospel of Matthew [Edinburgh, 1973], pp. 504-505).
Donald A. Carson (n. 48), pp. 66-67.
Le terme «délivrance» (aphesis) est couramment employé dans la Septante pour traduire les désignations Hébraïques pour les années sabbatiques et le Jubilé. Le même terme est employé dans le Nouveau Testament, presque toujours avec la signification de «pardon». Ceci suggère que la vision de délivrance sabbatique des injustices sociales fonctionnait en tant que préfiguration de la délivrance messianique de l’esclavage du péché. Pour un traitement instructif de cette question, voir Robert B. Sloan (n. 34), p. 27.
Le livre de Jubilees explique que « brûlant les encens et apportant une oblation et des sacrifices devant le Seigneur… seront faites les jours de Sabbat dans le sanctuaire du Seigneur notre Dieu; qu’ils peuvent expier pour l’Israël, avec le sacrifice (50:10-11).
Cette opinion est tenue par divers érudits. Gerhard Barth, par exemple, commente cela par la phrase “quelque chose plus grand que le temple est ici… sans aucun doute, ceci signifie Jésus, car en lui l’accomplissement et la consommation messianique est venue et il est par conséquent plus que le temple» (Tradition and Interpretation in Matthew [Philadelphia, 1963], p. 82).
Ellen G. White note avec sagacité: «Les prêtres accomplissaient ces rites qui annonçaient le pouvoir rédempteur du Christ, et leur travail était en harmonie avec l’objectif du Sabbat. Mais maintenant le Christ Lui-même est venu. Les disciples, en faisant le travail du Christ, étaient engagés dans le service de Dieu, et ce qui était nécessaire pour l’accomplissement de ce travail, c’était juste de le faire le Sabbat.» (The Desire of Ages [Mountain View, California, 1940], p. 285).
Donald A. Carson (n. 48), p. 75.
Pour mon analyse de Jean 5:17, voir mon article “John 5:17: Negation or Clarification of the Sabbath?” Andrews University Seminary Studies 19(Spring 1981): 3-19.
Voir, par exemple, George Allen Turner, Julius R. Mantey, O. Cullman, E. C. Hoskyns, F. Godet sur Jean 5:17.
A. T. Lincoln, “Sabbath, Rest, and Eschatology in the New Testament,” dans From Sabbath to Lord’s Day, ed. Donald A. Carson (Grand Rapids, 1982), p. 204.
Paul K. Jewett prétend que «par son travail rédempteur, Jésus annule le Sabbat.» (n. 45), p. 86. Le même raisonnement est défendu par O. Cullmann dans Early Christian Worship (London, 1953), pp. 90-91.
Sur la signification rédemptrice de la circoncision, voir Rudolf Meyer, “peritemno,” Theological Dictionary of the New Testament, ed. G. Kittel, (Grand Rapids, 1973), vol. 6, pp. 75-76.
Pour une présentation des trois raisons, voir A. T. Lincoln (n. 61), pp. 212-214.
Parmi les commentateurs qui virent l’accomplissement du repos du Sabbat, en tant qu’expérience future exclusive, sont: E. Käsemann, O. Michel, H. Windisch, W. Manson, F. F. Bruce, F. Delitzsch, and R. C. H. Lenski.
Bruce Metzger remarque justement: «Beaucoup d’eux se sentirent attirer à la liturgie Juive et furent sur le point de renoncer au Christianisme et de retourner à leur foi Juive héréditaire.» (The New Testament. Its Background, Growth and Content [Nashville, 1965], p. 249).
Pour des exemples et une discussion de l’interprétation spirituelle du commandement du Sabbat, voir W. Rordorf (n. 24), pp. 100-108; Franz X. Pettirsch note aussi: «Les premiers Pères de l’Eglise appliquèrent la loi du repos du Sabbat seulement allégoriquement en tant qu’abstention du péché, une application littérale de travailler, fut étrangère à leurs réflexions.» (A Theology of Sunday Rest;” Theology Digest 6 [1958]: 116). L’auteur explique comment, durant le Moyen Age, la formule «travail servile» était interprétée dans un sens littéral, signifiant «travaux de campagne; tout travail pénible» (p. 117). L’interprétation spirituelle du repos du Sabbat, en tant que renoncement de soi est préconisée aussi par Jean Calvin, dans Commentaries on the Four Last Books of Moses, C. W. Bingham, traducteur (Grand Rapids, 1950), p. 436.
Plutarque, De Superstitione 3(Moralia 1660); Justin, Dialogue with Trypho 23, 3; Epiphane, Adversus Haereses 30, 2, 2; Apostolic Constitutions 2, 36.
A. T. Lincoln (n. 61), p. 213.
Jean Calvin, Institutes of the Christian Religion (Grand Rapids, 1972), vol. 2, p. 337. Karl Barth observe profondément qu’en se reposant le Sabbat selon la similitude de Dieu (Hé 4:10), le croyant «participe consciemment au salut fourni par lui [Dieu]» (Church Dogmatics [Philadelphia, 1958], vol. 3, part 2, p. 50).
Augustin, City of God, XXII, 30.
(Ce texte est extrait de « Le sabbat dans le Nouveau-Testament » par Samuele BACCHIOCCHI)