Science et religion, un partenariat

Résumé – Cet article examine le véritable objectif des sciences naturelles : étudier la nature dans le but de découvrir son fonctionnement, ses origines et son avenir ; découvrir que son origine exige un acte créateur ; et, plus important encore, apprendre à découvrir le caractère du Créateur pour nous préparer à établir une relation vivante avec lui. On découvrira ainsi que la véritable science et la véritable théologie sont des activités humaines complémentaires qui ont toutes deux besoin de l’inspiration divine pour remplir leur but.

Nous vivons une époque apocalyptique. Au fur et à mesure que nous approchons de l’an 2000, le nombre de prophètes de malheur qui nous incitent à nous préparer pour la grande catastrophe finale augmente sans cesse. Et en même temps le volume du bruit qu’ils font. Cependant, il y a aussi d’autres prophètes. Des prophètes qui nous dépeignent les progrès de la sagesse humaine, des connaissances scientifiques et des merveilleuses technologies qui nous appartiendront au cours du prochain siècle et du prochain millénaire. Des prophètes qui nous parlent de nous élever nous-mêmes au niveau des dieux lorsque nous aurons appris la règle du jeu au cours du nouveau siècle qui s’ouvre devant nous.

À une époque où les religions millénaires paraissent souvent démodées et désespérément irréalistes, on pose souvent la question: Quel est le rôle du christianisme ? » « Le christianisme peut-il nous amener en sécurité jusqu’au prochain millénaire et nous le faire traverser ? » Dans cette étude, j’ai l’intention d’examiner les objectifs de la science et de la religion, et de suggérer comment une nouvelle relation entre les deux peut en même temps réaliser leurs objectifs originaux et apporter une véritable richesse à l’humanité.

Je parlerai de la science du point de vue d’un astronome ayant un vif intérêt pour ce qui est cosmologique, c’est-à-dire les questions touchant aux origines, au présent et à l’avenir de l’Univers dans lequel nous vivons. Lorsque je parlerai de religion, je parlerai en tant que chrétien adventiste du septième jour intéressé par les prophéties, c’est-à-dire par les questions touchant au passé, au présent et à l’avenir de l’humanité, aussi bien collectivement qu’individuellement.

Les objectifs du christianisme

La religion, aussi bien en tant que « système particulier de foi et de culte » que « reconnaissance par les hommes d’un Dieu personnel qui a droit à l’obéissance et au culte1 » est aussi vieille que l’humanité. La Bible nous présente une claire image d’un Dieu qui a créé les premiers êtres humains (Ge 1.26,27; 2.18,21-23), qui les instruit dans l’art de vivre (par exemple, Ex 20.1-17; Mi 6.8; Mt 22.36-40), qui les sauve de leur condition humaine et de leur incapacité d’atteindre le niveau élevé qu’il leur propose (Éz 36.26,27; Ro 7.24,25a; Eph 5.25-27) et qui leur promet un avenir de bonheur et d’accomplissement éternels (Jn 14.1-3; Ap 21 et 22). La Bible, mise par écrit par des hommes pieux, mais inspirée par Dieu lui-même (2 Pi 1.21) nous a été donnée pour que nous puissions connaître Dieu et entrer avec lui dans cette relation toute spéciale qui permet le plein développement de notre potentiel. « Connaître Dieu » me paraît être le principal objectif de la Parole écrite, objectif qui inclut tous les autres objectifs du christianisme (Jn 17.3).

Jean reprend ce thème, « connaître Dieu » dans sa première épître (1Jn 2.13,14), dans laquelle ce thème est étroitement associé aux deux autres aspects de la relation de 1’homme avec Dieu. Dieu nous y est présenté comme « celui qui est dès le commencement », et les destinataires de cette épître ont « vaincu le Malin » à cause de la Parole de Dieu qui demeure en eux. Au chapitre 5 de cette même épître, Jean parle de « triompher du monde » (1Jn 5.4,5), ce qui est équivalent à triompher du Malin (1Jn 5.19) ; et il mentionne la foi en Jésus-Christ, le Fils de Dieu, comme un élément indispensable pour remporter une telle victoire. Bien qu’il faille reconnaître que « notre foi », avec tous les autres éléments que nous avons ou pouvons avoir, est un don de Dieu (Ro 12.3), elle ne peut avoir de véritable valeur que lorsque nous l’exerçons (Ja 2.17). C’est ainsi que la Bible nous invite à avoir la foi, le genre de foi sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu (He 11.6), celle qui accepte que Dieu « est dès le commencement » (1Jn 2.13) et le candidat suprême au titre de « Créateur de l’Univers ». C’ est pourquoi, dès le début de cette étude, je vous invite à avoir foi en Dieu comme seul et unique Créateur (És 45.12,18) et, par conséquent, seul Rédempteur possible (Ac 4.12).

Or la Bible affirme très clairement que notre Dieu a préparé un « plan du salut », par lequel l’objectif premier de sa création, quoique détruit par notre désobéissance, peut être restauré de manière à ce que nous y participions tous. Pour que nous ne risquions pas de passer à côté de cette « occasion d’une vie » (dans le sens littéral du mot) , Dieu a fait tout ce qui était possible pour nous faire connaître qui il est, ce qu’est son plan à notre égard et comment nous pouvons en bénéficier. On trouve un bref résumé de cette auto-révélation de Dieu dans sa Parole, y compris Jésus-Christ, la Parole incarnée, et dans ses oeuvres, c’est-à-dire ses actes créateurs, qu’ils soient physiques, mentaux ou spirituels.

Les objectifs de la science

Dans ce qui suit, je me concentrerai sur la manière dont il se fait connaître à nous par sa création physique, c’est-à-dire le monde naturel, spécialement celui qui est étudié par les astronomes, l’Univers. Mais nous devons d’ abord examiner les objectifs de la science et voir si elle a avec le christianisme des relations possibles que nous puissions explorer.

Pour simplifier notre étude sur les objectifs de la science, je me limiterai aux sciences pures, et, parmi celles-ci, plus particulièrement à l’astronomie comme l’un des meilleurs exemples de science pure. Je ne traiterai pas des sciences appliquées puisque, de toute évidence, leur objectif doit être l’application aux situations humaines des connaissances obtenues par les sciences pures, dans le but d’améliorer la qualité de notre existence – quelle que soit la compréhension que l’on a de l’ amélioration de celle-ci.

De nombreux livres d’astronomie commencent en affirmant que 1’homme regarde le ciel depuis ses débuts et qu’il a toujours essayé d’en savoir davantage sur les étoiles, de découvrir le comment et le pourquoi de leur existence, et si et comment leur existence a un rapport avec la sienne. Voilà le premier objectif de la science : satisfaire notre curiosité. Cependant, s’il ne s’agissait que de satisfaire notre curiosité, la plupart des disciplines scientifiques les plus coûteuses (et, parmi celles-ci, certainement l’astronomie) auraient été abandonnées au profit d’autres besoins humains et physiques plus pressants.

Les besoins physiques élémentaires de l’homme – se nourrir et avoir un toit – doivent être satisfaits de manière acceptable avant qu’il puisse penser à consacrer ses maigres ressources à satisfaire sa curiosité. On le voit clairement lorsqu’on regarde les différentes nations et que l’on voit lesquelles ne possèdent aucun programme de recherche astronomique. A part certains très petits pays, tous ces pays font partie des nations en voie de développement les plus pauvres. Cependant, dans les pays riches, la raison principale poussant à s’engager dans des recherches purement scientifiques n’ est pas la satisfaction de la curiosité humaine. Le désir de connaître la Nature pour la maîtriser à notre avantage est un argument beaucoup plus puissant pour justifier la recherche scientifique. L’homme a cette illusion que la domination de la Nature apportera de grands bienfaits matériels. Bien entendu, l’idée n’est pas nouvelle. Lorsque Dieu ordonna aux premiers humains de soumettre la création (Ge 1.28), c’était avec l’idée précise que cette activité apporterait des bienfaits physiques et spirituels : « Ce sera votre nourriture.» (Ge 1.29) « Heureux ce serviteur que son maître, à son arrivée, trouvera occupé de la sorte ! » (Lc 12.43)

Bien que cette notion de prospérité et de richesse, comme produit de notre recherche scientifique, ne soit pas nouvelle, nous nous rendons compte, bien entendu, qu’aujourd’hui, à la fin de notre Xxe siècle, la prospérité et la richesse sont interprétées d’une manière presque purement matérielle. La dimension spirituelle incluse dans le contrat originel entre Dieu et l’homme a été en grande partie mise de côté. Je crois que la science a beaucoup à gagner en incluant de nouveau dans son programme ces valeurs originelles.

Les deux livres de Dieu

Il y a environ 3000 ans, David, probablement à l’époque où il gardait encore les moutons de son père et passait de nombreuses nuits en plein air, admirant la beauté du ciel nocturne et méditant sur son Créateur, écrivit ces mots dans le Psaume 19 : « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue céleste annonce l’oeuvre de ses mains.» (19.2)

En essayant de comprendre le sens du mot « gloire » dans ce contexte, j’ai trouvé utile de me souvenir des paroles écrites par Ellen White dans Le ministère évangélique, commentant la demande de Moïse de voir la gloire de Dieu (Ex 33.18). À la page 407 de ce livre, elle écrit: « Qu’est-ce que cette gloire ? C’ est le caractère de Dieu et c’est ce qui fut révélé à Moïse. »

C’est également clair lorsqu’on considère la réponse de Dieu à la demande de Moïse dans Ex 34.5-7 : il lui révèle son caractère en des termes sans équivoque.

Une traduction libre de Ps 19.2 pourrait être: « Dieu montre son caractère dans ses oeuvres créées, spécialement dans celles qui sont extérieures à la Terre. » Cependant, bien que cela nous donne une claire indication de l’endroit où chercher lorsque nous voulons en savoir plus sur Dieu, cela présente aussi un problème potentiel. Il devait être relativement facile pour Adam et Ève de discerner Dieu en parcourant le jardin d’Éden ; mais cela devait être déjà plus difficile pour leurs enfants, qui grandirent au milieu « des chardons et des broussailles » (Ge 3.18). Nous devons conclure que, en ce qui concerne l’oeuvre de Dieu sur la Terre, celle-ci a été sérieusement défigurée par les effets destructeurs du péché. Cette conclusion soulève immédiatement cette question : Dans quelle mesure les oeuvres créées de Dieu dans l’Univers sont-elles encore un reflet de son caractère ? Notre environnement spatial a-t-il aussi été défiguré par le péché ?

Avant 1959, c’est-à-dire avant que 1’homme ne soit capable de lancer des engins dans l’espace, il y avait, parmi les chrétiens, cette croyance très répandue que l’homme ne pourrait jamais voyager dans l’espace ni contaminer son environnement spatial par le péché. Dans ce sens, on prenait littéralement les paroles du Psaume 115.16. Aujourd’hui, après que des véhicules et des instruments ont été déposés sur différents astres du système solaire et que plusieurs engins spatiaux sont sortis du système solaire pour s’enfoncer dans l’espace, nous sommes mieux renseignés.

On peut donc légitimement poser la question : existe-t-il un endroit dans la création où le péché n’a pas pénétré et où son influence ne se fait pas sentir ? Il est bien connu que tout engin spatial, avant son lancement, subit un processus extrêmement rigoureux de nettoyage et de décontamination pour éviter la propagation de toute particule organique. C’est pourquoi la possibilité de contaminer notre environnement extra-terrestre par des particules organiques (supposées porteuses de péché) est infiniment petite.

Bien sûr, des objets, vaisseaux spatiaux et instruments, ont été abandonnés en divers lieux. Du fait que ceux-ci sont faits de matériaux qu’on peut trouver partout dans l’Univers, il serait difficile d’argumenter que ceux-ci sont étrangers aux corps célestes et pourraient être considérés comme des polluants dégradant de manière importante la pureté de l’oeuvre de Dieu. Nous arrivons donc à la conclusion que l’espace, spécialement en dehors du système solaire, n’a pas été maculé par le péché et ses conséquences, et que nous y trouvons des exemples virtuellement purs à 100 % des oeuvres créées par Dieu.

Ellen White a confirmé cette conclusion. Elle confirme d’abord que le péché a défiguré notre monde, mais que la Nature nous parle encore du Créateur : « La terre, abîmée, souillée par le péché, ne reflétait plus que faiblement la gloire du Créateur. Il est vrai que Dieu nous propose toujours ses «leçons de choses». Sur chaque page du grand volume de la création, on peut encore retrouver l’écriture du Seigneur. Mais ces témoignages sont incomplets, imparfaits. » – Éducation, p. 19. Puis elle nous rappelle que l’Univers est encore presque totalement intact : « Les cieux peuvent être pour eux [les jeunes] un livre d’étude où ils peuvent trouver des leçons profondément intéressantes. La lune et les étoiles peuvent être leurs compagnons et leur parler dans la langue la plus éloquente de l’amour de Dieu. » – The Youth ‘s Instructor, 25 octobre 1900. J’en arrive donc à la conclusion qu’il existe au moins deux sources d’information nous permettant de mieux connaître Dieu : sa Parole, écrite aussi bien qu’incarnée, et ce qu’on appelle parfois « le livre de la Nature ».

Dans l’esprit de nombreuses personnes, les « deux livres de Dieu » sont souvent perçus comme traitant de questions différentes. L’un d’eux nous parle de la Nature, l’autre de l’Auteur de la Nature. Cependant, il est possible d’avoir un concept quelque peu différent. Bien que ces deux livres soient différents, tous deux sont des exemples de la manière dont Dieu communique avec l’homme. Dans l’un il nous parle de ses oeuvres par la révélation générale de la Nature ; dans l’autre il nous parle de lui-même par une révélation spéciale.

Il peut être utile de distinguer entre les deux livres de Dieu d’après les questions auxquelles chacun d’eux répond : comment la nature fonctionne-t-elle (questions du comment) et pourquoi la Nature est-elle ce qu’elle est (questions du pourquoi) ? Les réponses aux questions du comment peuvent, en principe, être trouvées en lisant le livre de la Nature, en observant le monde naturel, et par les méthodes des sciences naturelles, qui construisent des modèles à partir desquels on peut déduire les réponses. Le livre de la Nature est ouvert à tous ceux qui veulent bien prendre la peine de le lire. C’est une révélation générale.

Les réponses à la question du pourquoi sont en dehors de la portée des sciences naturelles. Elles présupposent l’existence d’une puissance supérieure, qui n’est pas le sujet d’étude des sciences pures. Par conséquent, les réponses à de telles questions ne peuvent être obtenues que par la communication avec cette puissance supérieure. Du fait que lire la Bible signifie s’exposer à la révélation de Dieu par lui-même dans sa Parole, ce processus n’est pas appelé « révélation générale » , mais « révélation particulière ». En fait, Jésus-Christ est aussi une révélation particulière du Père, et, par conséquent, l’observation et l’étude de sa vie et de ses enseignements peuvent être classées parmi les révélations particulières.

Puisque le livre de la Nature et la Bible ont tous deux le même auteur, qui est « riche […] en fidélité » (Ex 34.6) et qui ne ment pas (mieux, il ne peut pas mentir : Nom 23.19; Ti 1.2), les réponses trouvées dans la Bible ne peuvent être en contradiction avec celles fournies par la Nature dans les domaines où ces deux livres ont quelque chose à nous communiquer. Ce qui ne signifie pas que ceux qui étudient la Nature et ceux qui étudient la Bible soient toujours d’accord sur la manière d’interpréter les informations trouvées. La Bible elle-même affirme clairement qu’elle ne peut être comprise que par ceux qui ont un discernement spirituel, c’est-à-dire ceux qui, dans leurs études tiennent compte de l’Esprit de Dieu (1 Co 2.2-16). Cette vérité avait déjà été proclamée à l’époque de l’Ancien Testament : « Le début de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel ; et la connaissance des saints, c’est l’intelligence. » (Pr 9.10) Elle semble ne pas limiter l’exigence de spiritualité à l’étude de la Bible et l’appliquer aussi à l’étude de la Nature. Une connaissance initiale de Dieu, ou au moins une disposition à reconnaître son existence et sa sagesse, est donc une condition nécessaire pour arriver à une compréhension plus profonde des problèmes posés par la Nature et par la théologie.

Dans notre effort pour connaître Dieu par l’étude de ses deux livres, nous devons être conscients du fait qu’il n’est pas possible d’obtenir des réponses satisfaisantes en étudiant l’un au détriment de l’autre. L’étude de la Nature et celle de la Parole doivent aller de pair. Albert Einstein comprenait bien cette complémentarité de la théologie biblique et des sciences naturelles lorsqu’il disait : « La science sans la religion est boiteuse, et la religion sans la science est aveugle2. » Le tableau ci-dessous est une tentative pour illustrer ce concept des deux livres :

Pourquoi ?

et

Comment ?

Révélation particulière

et

Révélation générale

Écriture : enseignements sur Dieu, l’homme et la nature

et

Nature : lois scientifiques

Théologie biblique

et

Sciences naturelles

« La science sans la religion est boiteuse »

et

« La religion sans la science est aveugle »

Un objectif commun au christianisme et à la science

J’ai essayé de montrer que les sciences naturelles et la théologie biblique sont deux manières choisies par Dieu pour nous communiquer des informations « importantes » ; importantes, dans le sens qu’elles contribuent à notre bien-être. Je ne parle pas ici de confort immédiat et matériel, mais de bonheur et de prospérité véritables et éternels. C’est là que nous trouvons nos réponses dans notre recherche de ce bonheur et de cette prospérité véritables et durables, aussi bien matériellement que spirituellement. Ce bonheur et cette prospérité exigent des réponses à nos questions les plus profondes, celles qui portent sur les origines, les objectifs et l’avenir.

Tournons maintenant notre attention vers És 40.26 : « Levez les yeux en haut et regardez ! Qui a créé ces choses ? C’ est celui qui fait sortir leur armée au complet. Il les appelle toutes par leur nom, par son grand pouvoir et par sa force puissante : pas une qui fasse défaut. » Nous trouvons ici l’invitation de Dieu à étudier ses oeuvres dans les planètes, les étoiles et les galaxies. Le premier objectif d’une telle étude semble être de contempler « celui qui a créé ces choses », c’est-à-dire d’obtenir une connaissance personnelle de Dieu. Mais il y a plus. Nous sommes aussi invités à découvrir que ce Créateur est puissant, qu’il est éternel, même quand « la terre et les cieux […] périront » (Ps 102.25-27), qu’il est aussi notre Créateur et notre Berger (Ps 95.6,7; 100.3).

Ésaïe 40.26 est donc plus qu’une simple invitation à étudier l’oeuvre universelle de Dieu. Ce texte nous dit aussi pourquoi Dieu a créé, et il nous invite à étudier son grand Univers. L’astronomie concerne l’étude de cet Univers. Cette étude nous aide à comprendre la Nature. Celle-ci, à son tour, nous aide à être de bons économes du monde créé qui nous a été confié (Ge 1.28). Bien que le mandat exprimé dans Ge 1.28 semble s’appliquer strictement à la Terre, on ne peut s’empêcher de penser que l’étude des choses extra-terrestres est une entreprise légitime, spécialement lorsque les connaissances acquises dans ce domaine nous permettent d’être de meilleurs économes des choses terrestres. Lorsque nous tenons ceci pour vrai, la question se pose de savoir si c’est la seule raison justifiant l’existence de l’astronomie comme discipline scientifique et des astronomes, ou si la science peut avoir d’autres raisons indépendantes pour justifier son existence.

Je crois que l’étude scientifique de l’Univers physique et son étude plus spirituelle motivée par le désir de connaître son Créateur et ses plans à notre égard doivent marcher main dans la main. C’ est pourquoi je regrette la séparation qui s’est faite entre ces deux disciplines à travers les siècles, spécialement dans les deux derniers. À ce sujet, il est intéressant de remarquer une tendance récente dans la cosmologie.

Il y a environ 70 ans, la cosmologie s’est lancée dans un parcours qui a produit une explication physique, apparemment satisfaisante, de l’origine de l’Univers. Bien qu’il reste beaucoup de détails à comprendre plus complètement, le modèle de l’origine de l’Univers appelé « Big Bang » a été accepté par la grande majorité des scientifiques spécialistes de ces domaines comme un cadre satisfaisant, dans lequel on peut encore faire des progrès. La collaboration entre l’astrophysique, la physique des particules et la physique théorique a produit une grande connaissance des premiers moments de l’ existence de l’Univers. Cependant, cela a aussi amené à reconnaître qu’il existe une barrière dans le temps au-delà de laquelle même nos meilleures théories ne peuvent pénétrer. Les premières 10 à 43 secondes de l’Univers demeurent enveloppées de mystère. En même temps, les cosmologues ont reconnu que de nombreux aspects de l’Univers exigent un réglage très précis des conditions initiales et des valeurs des constantes physiques. Cette barrière du temps et ce réglage précis ont produit un renouvellement d’intérêt pour les anciens débats sur la finalité dans l’Univers, sur son Auteur possible, et sur ce qui s’est passé pendant cette toute première fraction de seconde ou même avant.

Nos recherches scientifiques nous ont apporté de nombreuses réponses sur le fonctionnement de la Nature. En plus, nous avons fait une extrapolation de ces réponses pour nous faire une image des origines et de la destinée de la Nature. Mais, sur ce point, nous avons rencontré quelques difficultés. L’origine de bien des choses remonte à un passé tellement ancien que ou bien nous avons perdu les informations que nous cherchions, ou bien, tout simplement, nous n’étions pas présents à ce moment-là.

Quant à l’avenir, un proverbe chinois décrit très bien notre dilemme: « Prophétiser est extrêmement difficile, spécialement en ce qui concerne l’avenir. » Souvenez-vous que prophétiser inclut la notion d’enseignement et d’interprétation. Il reste donc de nombreuses questions sans réponse. Beaucoup d’entre elles concernent nos émotions les plus profondes sur la vie, ses origines, ses objectifs et son avenir. Spécialement dans ces domaines, la science a souvent eu beaucoup de mal à apporter des réponses satisfaisantes. Rien d’étonnant, donc, que le nom de l’Étemel ait été mentionné par certains scientifiques comme le seul qui puisse apporter de véritables réponses à ces questions3.

D’autres, cependant, ont refusé jusqu’ici d’admettre le rôle de Dieu, dans l’espoir que les progrès continus de la science permettraient de répondre un jour à nos questions les plus profondes. D’autres encore ont tout simplement refusé de s’attaquer à ces questions en prétendant qu’elles sont en dehors du domaine des sciences naturelles et qu’il vaut mieux les laisser aux philosophes et aux théologiens. Examinons successivement ces trois attitudes.

Dieu répond à nos questions

Bien que cette option puisse paraître très attrayante à de nombreux chrétiens, nous devons nous rendre compte qu’elle présente des dangers. Représentez-vous un homme du XVIe siècle, incapable de comprendre pourquoi les planètes du système solaire tournent toutes autour du soleil. Il peut observer les orbites planétaires, mais ne comprend pas leur raison d’être. Il invoque donc Dieu, qui, de sa main, maintient ces planètes dans leur orbite régulière. Un siècle plus tard arrive Isaac Newton, qui explique ce « mystère » par la loi de la gravitation. On n’a plus besoin de l’implication de Dieu dans l’Univers, et on le met de côté.

Les progrès de la science pendant les siècles passés ont offert de nombreuses occasions pour repousser les prétentions, émises plus tôt, de l’implication de Dieu dans l’Univers, et pour écarter Dieu de plus en plus. Cette politique du « Dieu bouche-trou » présente le danger de pousser Dieu complètement en dehors de la scène. Ceux qui croient en Dieu et à son rôle actif dans notre Univers ne professent pas cette croyance à cause de phénomènes inexpliqués dans le monde naturel. Ils croient en lui parce qu’ils ont avec lui une relation personnelle, une relation qui dépasse de loin les questions sur 1’Univers physique, aussi intéressantes qu’elles puissent être.

La science répond à nos questions

Les progrès de la science n’ont pas seulement amené à repousser les prétentions, émises plus tôt, de l’implication de Dieu dans les affaires de l’Univers ; ils nous ont aussi apporté de grands espoirs d’amélioration dans la connaissance, la compréhension, la santé, le bien-être et dans de nombreux autres domaines.

Beaucoup de nos récents projets pour l’étude du monde dans lequel nous vivons – c’est-à-dire la Terre et le reste de l’Univers – sont très coûteux en hommes et en matériel. Dans leurs efforts pour financer ces projets, les scientifiques avancent souvent les grands avantages pour l’humanité si telle recherche peut être entreprise et mieux répondre aux problèmes difficiles. D’ailleurs, les résultats ont souvent donné raison à ceux qui avaient fait de telles déclarations. Il en est résulté la croyance que, en lui accordant le temps voulu, la science pourra répondre à toutes nos questions. Cette attitude ne tient pas compte de l’existence du Dieu de la Bible. Ce Dieu nous a donné sa parole écrite, la Bible, dans laquelle il présente un certain nombre de vérités très intéressantes sur lui-même.

Si ce Dieu existe réellement et si la Bible est réellement l’une de ses révélations, nous devons vivre avec un certain nombre de déclarations qui devraient nous faire douter très sérieusement qu’on puisse faire confiance aux prétentions de la science comme si elle avait toujours le dernier mot. Je pense à des textes comme celui-ci : « Les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu; les choses révélées sont à nous et à nos fils, à perpétuité, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi. » (De 29.28)

Dieu nous a révélé certaines choses ; il a gardé hors de notre connaissance certaines autres. Celles qui sont révélées suffisent pour que nous suivions ses commandements comme partie vitale de notre relation avec lui. De plus, si Dieu est tout ce qu’il prétend être dans la Bible, nous n’avons pas besoin d’en savoir plus jusqu’au moment où nous pourrons être en sa présence éternelle, avec la possibilité de poser toutes les autres questions et d’étudier plus en profondeur les nombreux sujets qui, aujourd’hui, sont encore enveloppés de mystère. Nous parlant de ce que feront les habitants de la nouvelle terre, Ellen White écrit ceci :

« Sur la nouvelle terre, des intelligences immortelles contempleront avec ravissement les merveilles de la puissance créatrice et les mystères de l’amour rédempteur. […]

» Toutes nos facultés pourront se développer, tous nos talents s’épanouir. L’acquisition de connaissances nouvelles ne fatiguera pas notre esprit, ne lassera point notre énergie. Les plus grandes entreprises seront menées à bien ; les plus hautes aspirations seront satisfaites, les plus sublimes ambitions, réalisées. Et, néanmoins, il y aura toujours de nouveaux sommets à gravir, de nouvelles merveilles à admirer, de nouvelles vérités à approfondir, mettant à contribution toutes les facultés de l’esprit, de l’âme et du corps.

» Les trésors inépuisables de l’univers seront proposés à l’étude des rachetés de Dieu. […] Ils verront sans voiles les gloires de l’espace infini, constellé de soleils et de systèmes planétaires, parcourant avec ordre leurs orbites autour du trône de la divinité. Tous les objets de la création, du plus petit au plus grand, porteront la signature du Créateur et manifesteront les richesses de sa puissance. […]

» De l’atome le plus imperceptible aux mondes les plus vastes, tant des êtres animés que des objets inanimés, s’élève, par la voie de leur beauté incomparable et de leur joie sans mélange, un cantique d’allégresse proclamant que Dieu est amour. » – La tragédie des siècles, p. 735-737.

La science a un magnifique avenir devant elle !

« Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, oracle de l’Éternel. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées. » (És 55.8,9)

Le Dieu de la Bible n’est pas un dieu que nous nous sommes fait à nous-mêmes. Nous sommes sa création, et non le contraire ! La pensée exprimée ici par Esaïe rend témoignage au fait que, à cause de cette relation entre l’homme et Dieu, nous ne pouvons connaître de lui et de son reuvre que ce qu’il juge bon de nous révéler. Cela n’est pas un encouragement à la paresse ou au désespoir dans nos recherches scientifiques. Cela doit plutôt nous amener à reconnaître qu’il y a des aspects de Dieu qui sont encore cachés à nos yeux, et qu’ils peuvent nous demeurer cachés pendant encore un certain temps. En attendant, nous sommes invités à découvrir jusqu’où nous pouvons aller dans notre recherche de Dieu. Dans le domaine de l’astronomie, cela est soutenu par son invitation, mentionnée plus haut, à étudier l’Univers (És 40.26).

On trouve des sentiments semblables dans Ro 11.33 : « Ses voies [sont] incompréhensibles » ; et dans 1 Co 1.25 : « La folie de Dieu est plus sage que les hommes ; et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. »

Aucune activité humaine ne peut se lancer avec succès dans l’étude de la Nature sans tenir compte de l’existence et de la présence très réelle de Celui qui a créé la Nature au commencement. Bien que nous puissions être capables de reconstituer une automobile et de découvrir son fonctionnement sans utiliser le manuel d’instructions, cela ne nous donnera pas nécessairement la raison pour laquelle son constructeur y a inclus des éléments dont la présence nous surprend.

La cosmologie moderne a tenté de plus en plus de répondre à nos questions les plus profondes. En découvrant qu’il est trop difficile de répondre à certaines d’elles par application de la méthode purement scientifique, elle ne peut ni prétendre qu’une extension métaphysique de son domaine permettra d ‘y répondre, ni s’en laver les mains et passer le relais à la philosophie et à la théologie. Même dans ses aspects les plus simples, le monde porte encore la marque indéniable de son Créateur: « La science sans la religion est boiteuse » et n’ira pas très loin dans sa tentative d’expliquer chaque aspect du monde et de la vie qui s’y trouve.

La philosophie et la théologie répondent à nos questions

Lorsque nous admettons qu’il existe des questions en dehors du domaine de la science, des questions qui doivent être posées et, si possible, résolues, nous sommes sur la bonne voie. Face au Dieu omniscient de la Bible, personne ne doit avoir honte de ne pas connaître toutes les réponses. Mais si cela signifie que la science peut avec succès se passer de poser un certain type de questions, le signal d’alarme mentionné à la fin de la précédente section doit être tiré. En même temps, nous devons être conscients que certaines de nos questions les plus profondes touchent aux choses et aux conditions du monde physique. Leur étude appartient certainement au domaine de la science.

Nous ne voulons pas passer sous silence les découvertes faites de bonne foi par la science et, Bible en main, déclarer que la Terre est au centre de l’Univers parce que c’est là que nous habitons, c’est là que Jésus est venu, et c’est là que nous passerons l’éternité. Les erreurs du Moyen Age, lorsque l’Église a fait de telles affirmations, ne doivent pas être répétées.

Il y a encore une autre raison qui fait que la théologie – et le christianisme lui-même – ne peut répondre à toutes nos questions. De même que notre interprétation des phénomènes naturels est handicapée par les barrières de l’espace, du temps et de la compréhension, de même notre compréhension de la Parole de Dieu est handicapée pour des raisons très semblables. La langue, la culture, les croyances, etc. des siècles passés, ainsi que l’esprit de l’auteur, Dieu lui-même, doivent être compris avant que nous puissions arriver à une interprétation sans défaut de ses écrits. C’est là que la science, dans son sens le plus large, peut venir à l’aide de la théologie. Nous ne devons pas oublier que « la religion sans la science est aveugle » .

J’ai parlé de la curiosité humaine, et nous avons découvert qu’elle ne se limite pas aux aspects physiques de la Nature et à l’existence de l’homme. Elle l’a aussi poussé à poser d’autres questions plus profondes. Ainsi, la curiosité humaine a mené à la formation de deux champs d ‘étude très différents : l’astronomie et l’astrologie. Je dis « très différents » parce que, bien que, dans l’Antiquité, les deux aient été très étroitement associés, dans les temps modernes on trouve un profond fossé entre les deux. Découvrir les réponses aux questions du comment – Comment le soleil nous donne-t-il sa lumière ? Comment les étoiles gèrent-elles leur budget d’énergie ? Comment se forment les galaxies? Comment l’Univers a-t-il été formé ? – est devenu le sujet de l’astronomie.

Le problème des relations possibles entre les étoiles et l’existence humaine, spécialement sur le plan très personnel, est devenu le sujet de l’astrologie. N’oublions pas, cependant, qu’ « au commencement, il n’en était pas ainsi » (Mt 19.8). L’objectif de Dieu pour l’Univers n’était pas seulement de nous fournir l’un des plus intéressants champs d’étude que l’on puisse imaginer, mais aussi d’amener ses étudiants à reconnaître Dieu comme Créateur, et, ainsi, à une compréhension plus profonde de leur existence, passée, présente et future, et à se reconnaître comme totalement dépendants de ce Créateur, qui est aussi celui de l’humanité. On doit considérer comme l’une des perversions de Satan les plus réussies le fait qu’il a réussi à isoler complètement l’étude des relations entre les étoiles et l’homme de la découverte de leur Créateur à tous et de sa relation salvatrice avec l’homme.

Je reviens donc aux paroles d’Einstein, citées plus haut. La philosophie, séparée du christianisme, est incapable de répondre à nos questions difficiles parce qu’elle ignore Celui qui détient toutes les réponses. La théologie, par elle-même, ne peut non plus répondre à ces questions, parce qu’elle se retrouvera aveugle si elle tente d’arriver à des conclusions valables sur la Nature uniquement par une étude de la révélation spéciale. La science ne peut non plus répondre à nos questions les plus profondes si elle ignore le rôle légitime de Dieu notre Créateur. Seule une collaboration de toutes ces disciplines, sur le fondement du désir de connaître le Créateur, de la reconnaissance de son omnipotence et de son omniscience, et du respect et de l’amour envers lui, nous amènera à accomplir le dessein originel de Dieu, lorsqu’il nous invite à lever les yeux et à contempler sa puissance de création et de salut.

En ce qui concerne ce que je viens de mentionner, j’aimerais faire un pas de plus et dépasser le fait de reconnaître que l’Univers a beaucoup de choses à nous dire sur son Créateur. L’Univers a été créé spécialement dans le but d’offrir aux créatures intelligentes, terrestres aussi bien qu’extraterrestres, une magnifique occasion de faire connaissance avec leur Créateur à tous. Soyons très clairs à ce sujet. Ce n’est pas seulement une magnifique occasion, c’est aussi un défi. Cela ne vaut pas seulement pour les astronomes, mais cela vaut pour tous ceux qui se consacrent aux sciences naturelles. C’est là que nous découvrons notre destinée de scientifiques, quelle que soit notre discipline. La science est l’un des moyens, voulus par Dieu, qui nous offrent le privilège de nous approcher de Celui dont la connaissance nous apporte la vie éternelle (Jn 17.3). En même temps, nous prenons conscience du défi que Dieu lance à chaque scientifique : étudier la discipline qu’il a choisie avec, comme objectif ultime, d’en apprendre plus sur le caractère du Créateur et de rendre gloire à son saint nom. Une étude, faite dans un esprit de prière, du chapitre 6 de la première épître de Paul à Timothée, particulièrement les versets 5-7, 13-16 et 20,21, nous aidera à acquérir une conception chrétienne – c’est-à-dire semblable à celle du Christ – des domaines de la science et de ses rapports avec les grandes questions concernant Dieu, nous-mêmes, le salut et l’éternité.

Mart de Groot
( Servir n°3/1998)

1. The Concise Oxford Dictionary, nouvelle édition, Clarendon Press, Oxford, 1982.

2. P. FRANK, Einstein, Ris Life and Times, Alfred A Knopf, New York, 1947.

3. Voir par exemple: R. JASTROW, God and the Astronomers, W.W. Norton & Co., Londres et New York, 1978.

(Cet article provient du Site internet : http://pagesperso-orange.fr/dunkerquadventiste/index.htm)

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