Les vaudois du piémont
Faire briller l’étoile de l’espérance dans des cœurs qui ne connaissaient qu’un Dieu vindicatif et impitoyable.
Les ténèbres qui régnèrent sur la terre au cours de la longue période de la suprématie papale ne réussirent pas à éteindre complètement le flambeau de la vérité. Il y eut toujours de vrais croyants attachés à la foi en Jésus-Christ, seul Médiateur entre Dieu et les hommes, prenant les saintes Écritures pour leur unique règle de vie et sanctifiant le vrai jour de repos. Jamais on ne saura ce que le monde doit à ces hommes. Dénoncés comme hérétiques, diffamés, leurs mobiles incriminés, leurs écrits dénigrés, mutilés et prohibés, ils demeurèrent inébranlables et conservèrent la pureté de la foi pour en transmettre, de siècle en siècle, l’héritage sacré à la postérité.
Écrite dans les cieux, l’histoire du peuple de Dieu, au cours de cette sombre période, n’occupe que peu de place dans les annales humaines. On ne découvre guère l’existence de ces chrétiens que dans les calomnies de leurs persécuteurs.
La tactique de Rome a été de supprimer toute trace de divergence d’avec ses doctrines et ses décrets. Tout ce qui était hérétique — qu’il s’agît des hommes ou des écrits — devait disparaître. L’expression d’un doute touchant l’autorité des dogmes romains, coûtait la vie aux riches comme aux pauvres, aux grands comme aux petits. Rome s’est également efforcée d’effacer le souvenir de ses cruautés envers les dissidents. Les conciles ont condamné aux flammes les livres et les documents qui en contenaient le récit. Avant l’invention de l’imprimerie, les livres étant peu nombreux et d’un format volumineux, la Curie n’a pas eu beaucoup de peine à exécuter son dessein.
Aucune Église se trouvant dans les limites de la juridiction de Rome n’a pu jouir longtemps de la liberté de conscience. Aussitôt qu’elle a été en possession du pouvoir, la papauté s’est empressée de supprimer tout ce qui résistait à son autorité, aussi les Églises, l’une après l’autre, se soumirent-elles à son sceptre.
En Grande-Bretagne, où le christianisme s’était implanté très tôt, la foi des Bretons n’était pas entachée d’apostasie. Sous les empereurs païens, la persécution qui atteignit ces rives lointaines fut le seul don que les premières églises britanniques reçurent de Rome. Un grand nombre de chrétiens fuyant la persécution qui faisait rage en Angleterre trouvèrent un refuge en Écosse; portée de là en Irlande, la vérité fut reçue partout avec joie.
Quand les Saxons envahirent l’Angleterre, le paganisme y redevint la religion dominante. Les conquérants, refusant de se laisser instruire par leurs esclaves, les chrétiens durent s’enfuir dans les montagnes et dans les régions sauvages. Néanmoins, bien que voilée pour un temps, la lumière continua de briller. Un siècle plus tard, ses rayons se répandaient de l’Écosse jusqu’aux contrées les plus éloignées. C’est d’Irlande que partirent le pieux Colomban et ses collaborateurs qui, réunissant autour d’eux les croyants dispersés sur l’île solitaire d’Iona, en Écosse, firent de cet endroit le centre de leur activité missionnaire. Parmi ces évangélistes se trouvait un observateur du sabbat de l’Éternel qui fit connaître cette vérité autour de lui. De l’école d’Iona sortirent des missionnaires qui se rendirent non seulement en Écosse et en Angleterre, mais en Allemagne, en Suisse et même en Italie.
Mais Rome, qui avait les yeux sur l’Angleterre, résolut de la soumettre à son autorité. Au sixième siècle, ses envoyés, ayant entrepris la conversion des Saxons païens, furent accueillis favorablement par ces orgueilleux barbares qui embrassèrent la foi romaine par milliers. Leur oeuvre progressant, les messagers du pape et leurs convertis entrèrent en contact avec les chrétiens primitifs, qui présentaient avec eux un contraste frappant. Ils étaient simples, humbles, scripturaires dans leur foi et dans leur vie, tandis que les premiers faisaient étalage de la superstition, la pompe et l’arrogance de la papauté. L’émissaire de Rome somma ces églises de reconnaître l’autorité du souverain pontife; les Bretons répondirent avec douceur que leur désir était d’aimer tous les hommes, mais que le pape n’ayant pas été institué le chef de l’Église, ils ne pouvaient lui reconnaître que des droits égaux à ceux de tout disciple du Christ. L’ordre ayant été répété, ces humbles chrétiens, stupéfaits de l’orgueil dont faisaient preuve les représentants de Rome, persistèrent à répondre que Jésus-Christ était leur maître. Alors se manifesta le véritable esprit de la papauté. Le chef de la délégation romaine s’écria : « Si vous ne voulez pas recevoir des frères qui vous apportent la paix, vous subirez des ennemis qui vous apporteront la guerre. Si vous ne voulez pas annoncer avec nous aux Saxons le chemin de la vie, vous recevrez de leurs mains le coup de la mort. » (Merle d’Aubigné, Histoire de la réformation au XVIe siècle, liv. XVII, ch II.) Ces menaces n’étaient pas vaines. La violence, l’intrigue et la fraude furent mises en oeuvre contre les témoins de la vérité évangélique jusqu’à ce que les églises d’Angleterre fussent détruites ou soumises à l’autorité du pape.
La résistance vaudoise
Dans d’autres pays situés en dehors de la juridiction de Rome, vivaient des groupes de chrétiens qui avaient presque complètement échappé à l’apostasie papale. Entourés de païens, ils avaient, au cours des siècles, accepté quelques-unes de leurs erreurs; mais ils continuaient de considérer le saint Livre comme leur unique règle de foi et de vie, et restaient fidèles à bon nombre de ses enseignements. Ces chrétiens croyaient à la perpétuité de la loi de Dieu, et observaient le repos du quatrième commandement. On trouvait des églises de ce type en Afrique centrale et parmi les Arméniens de l’Asie Mineure.
Les Vaudois du Piémont sont les mieux connus parmi ceux qui résistèrent aux séductions de Rome. C’est dans le pays même où la papauté avait établi le siège de son autorité qu’elle rencontra la résistance la plus ferme et la plus constante. Les églises du Piémont maintinrent leur indépendance durant des siècles; mais le temps vint où Rome exigea leur soumission. Après une lutte stérile contre sa tyrannie, les chefs vaudois reconnurent, à contre-cœur, la suprématie d’un pouvoir auquel le monde entier semblait rendre hommage. Néanmoins, une minorité déterminée à rester fidèle à Dieu, et à conserver la pureté et la simplicité de sa foi, refusa de reconnaître l’autorité du pape et des prélats. Une scission eut lieu. Des partisans de l’ancienne foi quittèrent leur patrie alpestre et allèrent porter ailleurs leur croyance; d’autres se réfugièrent dans les cavernes des montagnes, où ils conservèrent la liberté d’adorer Dieu.
La foi pratiquée et enseignée pendant des siècles par les chrétiens vaudois formait un contraste frappant avec les erreurs de Rome. Elle était fondée sur la Parole de Dieu, source du vrai christianisme. Ces humbles paysans, vivant loin du monde, dans leurs retraites sauvages, absorbés par le soin de leurs troupeaux et de leurs vignes, n’étaient pas d’eux-mêmes parvenus à la vérité qu’ils opposaient aux hérésies et aux dogmes de l’Église apostate. Cette vérité n’était pas une acquisition récente. Ils l’avaient héritée de leurs pères, et ils luttaient pour conserver la foi de l’Église apostolique, « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes ». ( Jude 3 ) L’Église du désert, et non l’orgueilleuse hiérarchie trônant dans la capitale du monde, constituait la véritable Église du Christ, gardienne de la précieuse vérité confiée au peuple de Dieu pour l’humanité.
Quand Rome s’était séparée de la véritable Église, elle avait surtout obéi à sa haine pour le sabbat des Écritures. Conformément à la prophétie, la puissance papale avait jeté la vérité par terre. La loi de Dieu avait été foulée aux pieds et les traditions et coutumes des hommes avaient été élevées à sa place. Les églises qui admettaient l’autorité du pape avaient été de bonne heure contraintes d’honorer le dimanche. Environnés par l’erreur et la superstition, plusieurs enfants de Dieu avaient été si troublés que, tout en observant le sabbat, ils s’étaient abstenus de travailler le dimanche. Mais cela ne satisfaisait pas la papauté; elle exigeait non seulement que le dimanche fût sanctifié, mais que le samedi fût profané, et elle dénonçait dans les termes les plus violents ceux qui osaient l’honorer. Ce n’est qu’en fuyant pour échapper à l’autorité de la papauté qu’il était possible d’obéir à la loi de Dieu.
Les Vaudois du Piémont furent parmi les premiers en Europe à posséder une traduction des saintes Écritures. (Voir {yootooltip title=[Version vaudoise des Ecritures] }Voir E. Petavel, La Bible en France, ch. 2, pr. 3, 4, 8-10, 13, 21, éd. de Paris 1864); D. Lortsch, Histoire de la Bible en France, Paris, 1910, p. 8, 19, 101, 106; Encyclopédie des Sciences religieuses, art. « Vaudois », vol. XII, p. 1054.{/yootooltip}) Des siècles avant la Réformation ils avaient une Bible manuscrite en leur propre langue. Mais le fait qu’ils avaient entre les mains le Livre de la vérité attira tout particulièrement sur eux la haine de la Babylone apostate de l’Apocalypse, et ce fut au péril de leur vie qu’ils se dressèrent contre ses falsifications. Sous la pression d’une persécution prolongée, plusieurs, de guerre lasse, finirent par abandonner peu à peu les grands principes de leur foi, tandis que d’autres restèrent fidèlement attachés à la vérité. Pendant des siècles de ténèbres et d’apostasie, conservant leur foi en face de l’opposition la plus féroce, ils refusèrent de reconnaître la suprématie papale, dénoncèrent le culte des images comme une idolâtrie et observèrent le vrai jour de repos. Bien que poursuivis par l’épée des ducs de Savoie, et menacés des bûchers de Rome, ils demeurèrent les inflexibles défenseurs de la Parole et de la gloire de Dieu.
Les Vaudois honorent la loi de Dieu
C’est à l’abri des pics altiers de leurs montagnes — asile séculaire des opprimés et des persécutés — que les Vaudois trouvèrent un lieu de refuge, et que la lumière de l’Évangile continua de briller au milieu des ténèbres du Moyen Age. C’est là que pendant un millier d’années ces témoins de la vérité conservèrent la foi primitive.
Dieu avait ménagé à son peuple un sanctuaire grandiose qui cadrait parfaitement avec la vérité dont celui-ci avait le dépôt. Aux yeux de ces exilés, leurs montagnes étaient un emblème de l’inaltérable justice de Jéhovah. Montrant à leurs enfants la majesté immuable de leurs sommets, ils leur parlaient de « celui en qui il n’y a ni variation, ni ombre de changement », et dont la parole est aussi ferme que les collines éternelles.
C’est la main du Tout-Puissant, leur disaient-ils, qui a planté ces montagnes, et qui seule est capable de les ébranler. C’est lui aussi qui a établi sa loi comme base de son gouvernement dans le ciel et sur la terre. Le bras de l’homme peut s’abattre sur son semblable et lui ôter la vie; mais il serait aussi difficile à ce même bras de déraciner les montagnes et de les précipiter dans la mer que de changer un iota ou un trait de la loi de Jéhovah, ou de supprimer la moindre des promesses laissées à ceux qui font Sa volonté. Il faut donc que votre attachement à Sa loi soit aussi inébranlable que les rochers.
Les monts qui entouraient leurs humbles vallées étaient un témoignage permanent de la puissance créatrice de Dieu, et une assurance constante de ses soins. Aussi ces pèlerins apprenaient-ils à aimer les symboles silencieux de la présence de Jéhovah. Ils ne se plaignaient nullement de leur pénible sort, et jamais ils ne se sentaient seuls dans leurs sauvages solitudes. Ils remerciaient Dieu de leur avoir préparé un asile contre la fureur et la cruauté des hommes, et appréciaient le privilège de pouvoir adorer librement leur Créateur. Souvent poursuivis par leurs ennemis, ils trouvaient une sûre protection dans leurs montagnes. Du haut des rochers inaccessibles, ils faisaient entendre des chants d’actions de grâces que les armées de Rome ne pouvaient faire cesser.
La piété de ces disciples du Christ était pure, simple, fervente. Ils attachaient plus de prix aux principes de la vérité qu’à des maisons, à des terres, voire à leurs amis, à leurs parents, à leur propre vie. Et ils s’efforçaient d’inculquer ces principes à la jeunesse. Dès leur âge le plus tendre, les enfants acquéraient la connaissance des saintes Lettres, et apprenaient à considérer comme sacrés les droits de la loi de Dieu. Et comme les exemplaires du saint Livre étaient rares, ils en gravaient les paroles dans leur mémoire. Plusieurs pouvaient répéter par coeur des portions considérables de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ils associaient la pensée de Dieu non seulement aux cimes altières dont ils étaient entourés, mais aussi aux devoirs de la vie de chaque jour, apprenant à leurs enfants à être reconnaissants envers Dieu, l’Auteur des biens dont ils jouissaient.
Si tendres et affectueux que fussent les parents, ils aimaient trop sagement leurs enfants pour les laisser s’accoutumer à une vie facile. Ces jeunes gens avaient la perspective d’une vie d’épreuves et de renoncements qui pouvait se terminer par le martyre. Dès leur enfance, ils étaient accoutumés à endurer des privations et à se soumettre à l’autorité paternelle. Ils apprenaient aussi très tôt à porter des responsabilités, à ne parler qu’avec circonspection et à connaître la valeur du silence. Une parole inconsidérée prononcée devant leurs ennemis pouvait mettre en danger non seulement la vie de celui qui la proférait, mais aussi celle de centaines de ses frères, tant les ennemis de la vérité, semblables à des loups affamés, poursuivaient sans relâche ceux qui osaient manifester librement leur foi.
Les Vaudois, ayant sacrifié à la vérité toute prospérité terrestre, demandaient péniblement leur pain quotidien au sol de leurs montagnes. Chaque pouce de terre cultivable jusque dans les combes et les ravins était utilisé. Une vie de stricte économie et de renoncement faisait partie de l’éducation que recevaient les enfants comme unique héritage. On leur enseignait que, conformément aux desseins de Dieu, la vie est une discipline, et qu’ils ne pouvaient subvenir à leurs besoins que par le travail personnel, la prévoyance, l’économie et la foi en Dieu. C’était un régime laborieux et pénible, mais sain et convenant à l’homme déchu : l’école voulue de Dieu en vue de son éducation et de son développement moral. Mais tout en accoutumant la jeunesse au travail et aux privations, on ne négligeait pas sa culture intellectuelle. On lui apprenait que toutes ses facultés appartiennent à Dieu, et qu’il lui incombe de les développer en vue de son service.
Les Eglises vaudoises
Par leur pureté et leur simplicité, les églises vaudoises rappelaient l’Église des jours apostoliques. Rejetant l’autorité des papes et des prélats, elles ne reconnaissaient comme leur règle suprême et infaillible que le texte des saintes Écritures. Contrairement aux prêtres de Rome, leurs pasteurs suivaient l’exemple du Maître qui était venu « non pour être servi, mais pour servir ». Il paissait le troupeau de Dieu et le conduisaient aux verts pâturages de Sa Parole. Loin de la pompe et de l’orgueil des hommes, on s’assemblait, non pas dans des temples luxueux ou dans de magnifiques cathédrales, mais à l’ombre des monts, dans quelque combe alpestre, ou encore, en cas de danger, dans quelque caverne de la montagne pour y écouter la parole de la vérité. Le pasteur ne se contentait pas de prêcher l’Évangile, il visitait les malades, instruisait les enfants, reprenait les égarés, s’efforçait d’aplanir les différends et de maintenir la concorde et l’amour fraternel. En temps de paix, le barbe, comme on l’appelait, était entretenu par les offrandes volontaires des fidèles; mais, comme Paul, le faiseur de tentes, il apprenait quelque métier ou profession pour subvenir, le cas échéant, à ses propres besoins.
Les pasteurs servaient en outre d’instituteurs. Sans négliger les connaissances générales, ils donnaient la première place à la Bible dans leur programme d’études. On y apprenait par coeur les évangiles de saint Matthieu et de saint Jean, ainsi que plusieurs épîtres. On s’y occupait aussi à copier la Parole de Dieu. Certains manuscrits contenaient cette Parole tout entière; d’autres, seulement une partie, à laquelle ceux qui en étaient capables ajoutaient de simples commentaires. C’est ainsi que des trésors de vérité sortaient de l’obscurité dans laquelle les avaient si longtemps maintenus ceux qui cherchaient à s’élever au-dessus de Dieu.
Par un travail inlassable, accompli parfois dans de profondes et sombres cavernes et à la lumière des torches, l’Écriture sainte était transcrite, verset par verset, chapitre par chapitre, et la vérité révélée, plus étincelante que l’or le plus pur, brillait d’un éclat accru par les épreuves que ces vaillants ouvriers avaient subies pour elle.
Satan avait inspiré à la papauté la pensée d’enfouir la vérité sous les décombres de l’erreur et de la superstition; au lieu de cela, elle fut, au cours de ces longs siècles de ténèbres, miraculeusement conservée dans son intégrité, portant non pas le sceau de l’homme, mais celui de Dieu.
On s’est efforcé d’obscurcir le sens clair et simple de l’Écriture, et de la mettre en contradiction avec elle-même. Mais, comme l’arche de Noé sur les flots irrités, la Parole de Dieu se rit des orages qui s’acharnent contre elle. Comme une mine dont les riches filons d’or et d’argent se cachent dans les profondeurs de la terre, obligeant tous ceux qui veulent en prendre possession à creuser péniblement, de même les livres saints recèlent des trésors qu’ils ne livrent qu’à ceux qui les recherchent avec ferveur, humilité et prière. Dieu a destiné les Écritures à être le manuel de l’humanité entière, étudié dans l’enfance, dans l’adolescence et dans l’âge mûr. Elles nous ont été données comme une révélation de Sa personne. Chaque vérité discernée jette un jour nouveau sur le caractère de Son Auteur. L’étude du saint Livre est le moyen de nous faire entrer en communion plus intime avec notre Créateur et de nous donner une connaissance plus nette de Sa volonté. Elle sert de voie de communication entre Dieu et l’homme.
Alors que les Vaudois considéraient la crainte de l’Éternel comme le commencement de la sagesse, ils ne méconnaissaient pas, dans le développement des facultés intellectuelles, l’importance de leurs relations avec le monde extérieur, de la connaissance des hommes et de la vie active. Quelques jeunes gens, envoyés de leurs écoles isolées dans des universités de France et d’Italie, trouvaient dans celles-ci un champ d’étude et de réflexion plus étendu qu’au sein de leurs Alpes. Ils y entraient en contact avec le vice et s’y trouvaient exposés à des tentations; les agents de l’Adversaire leur tendaient des pièges et leur suggéraient de subtiles hérésies. Mais leur éducation antérieure les avait préparés à sortir victorieusement de l’épreuve.
L’activité missionnaire vaudoise
Leurs vêtements étaient confectionnés de façon à receler leur trésor le plus cher : les précieux manuscrits de l’Écriture, fruit de mois et d’années de labeur. Ils les portaient toujours sur eux et, chaque fois qu’ils pouvaient le faire sans éveiller les soupçons, ils en plaçaient quelques fragments chez ceux dont le coeur leur paraissait s’ouvrir à la vérité divine. Dans les écoles où ils se rendaient, ils ne pouvaient avoir de confidents. Dès leur plus tendre enfance, les jeunes Vaudois étaient instruits à cet effet, et ils avaient conscience de leur mission, dont ils s’acquittaient fidèlement. Aussi, en conséquence, assistait-on, dans ces universités, à des conversions à la vraie foi. Il arrivait même que les principes de la vérité se répandaient dans l’école entière, sans que les enquêtes les plus minutieuses fussent capables de révéler les fauteurs de l’ « hérésie ».
L’esprit de Jésus-Christ est un esprit missionnaire. Le premier désir d’un coeur régénéré est d’amener d’autres âmes au Sauveur. Telle était l’aspiration de ces chrétiens. Ils savaient que Dieu ne leur demandait pas seulement de garder intact dans leurs églises le dépôt de la vérité. Ils portaient la responsabilité solennelle d’éclairer ceux qui croupissaient dans les ténèbres. Aussi s’efforçaient-ils, par la puissance de la Parole de Dieu, de briser les chaînes que Rome avait forgées. Les pasteurs vaudois étaient appelés à être missionnaires : tout jeune homme qui aspirait aux fonctions pastorales devait faire ses premières armes en qualité d’évangéliste. Avant de se voir confier la direction d’une église, il devait travailler trois ans dans quelque champ missionnaire. Cette préparation, qui exigeait un esprit de renoncement et de sacrifice, était une bonne initiation à la vie pastorale, vie hérissée d’épreuves à cette époque. Les jeunes gens consacrés en vue de ce ministère avaient pour perspectives, non la fortune ou la gloire, mais une vie de fatigues et de dangers, avec l’éventualité du martyre. Comme les disciples envoyés par Jésus, ces missionnaires partaient deux à deux. Le jeune débutant était généralement accompagné d’un homme d’âge mûr et d’expérience chargé de son éducation. Ces collaborateurs n’étaient pas toujours ensemble, mais ils se rencontraient souvent pour se consulter, pour prier et s’affermir mutuellement dans la foi.
Dévoiler leur mission eût été courir au-devant de la défaite. Aussi ces évangélistes, cachant avec soin leur objet, s’acquittaient de leur mandat sous le manteau protecteur d’un métier ou d’une profession. Généralement, ils se présentaient comme marchands ambulants ou colporteurs. « Ils vendaient de la soie, des bijoux et d’autres articles que l’on ne pouvait alors se procurer que dans des centres éloignés. En leur qualité de marchands, ils recevaient un accueil empressé là où ils auraient été repoussés comme missionnaires. » (Wylie, History of the Waldenses, liv. I, ch. VII.) Ils demandaient sans cesse à Dieu la sagesse nécessaire pour faire connaître un trésor plus précieux que l’or et les perles : le Livre de Dieu, dont ils portaient secrètement sur eux des exemplaires complets ou partiels. Lorsqu’ils en avaient l’occasion, ils attiraient sur ces manuscrits l’attention de leurs clients. Souvent, ils faisaient naître ainsi le désir de les lire, et ils en laissaient joyeusement des fragments aux personnes qui le désiraient.
L’activité de ces missionnaires se déployait d’abord dans les plaines et les vallées avoisinant leurs montagnes; puis elle s’étendait bien au-delà. Nu-pieds, simplement vêtus, à l’instar de leur Maître, et couverts de la poussière du chemin, ils traversaient de grandes villes, et se rendaient dans des pays éloignés, semant partout la précieuse graine de l’Évangile. Sur leurs pas surgissaient des églises, et le sang des martyrs rendait témoignage à la vérité. Voilée et silencieuse, la Parole de Dieu traversait la chrétienté et trouvait un accueil chaleureux dans bien des foyers et dans bien des coeurs. Au jour de Dieu on verra une abondante moisson d’âmes comme fruit de ces travaux.
Les Vaudois du Piémont trouvaient dans les Écritures non seulement la relation de l’action de Dieu parmi les hommes et la révélation des responsabilités et des devoirs de l’heure présente mais aussi l’annonce des dangers et des gloires à venir. Convaincus de l’imminence de la fin du monde, ils étudiaient la Parole de Dieu avec prières et avec larmes, et étaient toujours plus pénétrés de l’importance de ses précieuses déclarations, et déterminés à faire connaître à d’autres ses vérités salutaires. Ils voyaient dans ses pages un clair exposé du plan du salut et puisaient dans leur foi en Jésus la consolation, l’espérance et la paix. Aussi aspiraient-ils à faire resplendir dans l’esprit des victimes de l’erreur la lumière qui illuminait leur entendement et réjouissait leurs coeurs.
Les Vaudois annoncent le salut par la foi en Jésus
À l’école du pape et des prêtres, des multitudes s’efforçaient en vain d’obtenir le pardon de leurs péchés par des mortifications. Comme on leur avait appris à chercher la paix de leur âme dans les bonnes oeuvres, le sentiment de leur péché et la crainte de la colère de Dieu les poussaient à violenter leur corps et leur esprit, sans jamais trouver le moindre soulagement.
Nombreux étaient ceux qui abandonnaient parents et amis pour aller terminer leurs jours dans un couvent. Par des jeûnes répétés, de cruelles flagellations, de longs prosternements sur les dalles de pierre de leur cellule, par de lointains pèlerinages ou d’humiliantes pénitences allant jusqu’à la torture, des milliers essayaient en vain d’obtenir la paix de l’âme. Accablés par le souvenir de leurs péchés, tremblants à la pensée de la colère de Dieu, un grand nombre d’entre eux, à bout de force, descendaient dans la tombe sans un seul rayon d’espérance.
À ces coeurs affamés, les Vaudois languissaient de rompre le pain de vie, de montrer les messages de paix renfermés dans la Parole de Dieu, pour les conduire à Jésus, leur unique espérance de salut.
Ils voyaient clairement la fausseté de la doctrine selon laquelle les bonnes oeuvres peuvent expier les transgressions de la loi divine. Se reposer sur des mérites humains, c’était voiler l’amour infini de celui qui est mort pour nous. Si Jésus s’est offert en sacrifice, c’est parce que notre race déchue ne peut rien faire qui la recommande aux yeux de Dieu. Les mérites d’un Sauveur crucifié et ressuscité forment la base de la foi chrétienne.
Les enseignements de l’Église avaient dépeint Dieu et son Fils comme des êtres durs, sombres, inaccessibles. Selon cette doctrine, le Sauveur a si peu de sympathie pour l’être humain que nous sommes réduits à avoir recours à la médiation des prêtres et des saints. Aussi ces messagers éclairés par la Parole de Dieu brûlaient-ils du désir de faire connaître un Sauveur compatissant dont les bras ouverts invitent le pécheur à lui apporter son fardeau, ses soucis, sa lassitude. Ils avaient hâte d’enlever les obstacles accumulés par Satan pour empêcher les hommes d’aller à Dieu directement pour lui confesser leurs péchés et obtenir le pardon et la paix.
Aussi avec quel empressement le missionnaire vaudois dévoilait-il aux âmes angoissées les consolantes vérités de l’Évangile! Prudemment il leur lisait les précieux manuscrits de l’Écriture. Sa plus grande joie était de faire briller l’étoile de l’espérance dans des coeurs qui ne connaissaient qu’un Dieu vindicatif et impitoyable.
Les lèvres tremblantes et les yeux humides d’émotion, quelquefois à genoux, il parlait à ses frères des douces promesses d’espérance. La lumière de la vérité entrait ainsi dans bien des âmes, rayons bienfaisants du soleil de justice dissipant l’obscurité. Souvent l’auditeur, voulant se convaincre qu’il avait bien entendu, invitait le missionnaire à relire plusieurs fois certaines portions de l’Écriture.
On aimait tout spécialement entendre répéter ces passages : « Le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. » ( 1 Jean 1.7 ) « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. » ( Jean 3.14,15 )
Plusieurs comprenaient la véritable nature des prétentions de Rome en voyant l’inutilité de la médiation des hommes en faveur du pécheur.
À mesure que la lumière se levait sur eux, ils s’écriaient avec allégresse : « Jésus-Christ est mon prêtre; son sang est mon sacrifice; son autel est mon confessionnal! » Plaçant toute leur confiance dans les mérites du Sauveur, ils répétaient : « Sans la foi il est impossible de lui être agréable. » ( Hébreux 11.6 ) « Il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. » ( Actes 4.12 )
À quelques âmes battues par la tempête, la certitude d’être aimées du Sauveur semblait trop belle. La joie qu’elle leur apportait les inondait d’un tel flot de lumière qu’elles se croyaient transportées au ciel. Toute crainte de la mort avait disparu. Elles mettaient avec confiance leur main dans celle du Seigneur et posaient avec assurance leurs pieds sur le Rocher des siècles. Elles pouvaient désormais, s’il le fallait pour glorifier le nom de leur Rédempteur, affronter avec joie la prison et le bûcher.
La Parole de Dieu faisait son oeuvre dans l’ombre. On la lisait en secret, parfois à une seule personne, parfois devant un petit groupe affamé de lumière et de vérité; on passait souvent la nuit entière à la méditer. L’étonnement et l’admiration des auditeurs étaient si grands que le lecteur devait quelquefois interrompre sa lecture jusqu’à ce qu’on eût bien saisi la bonne nouvelle du salut. Il arrivait souvent au missionnaire d’entendre des exclamations comme celles-ci : « Dieu m’acceptera-t-il réellement comme son enfant? Me sourira-t-il à moi? Me pardonnera-t-il à moi? » Et la Parole répondait : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » ( Matthieu 11.28 )
Par la foi, l’auditeur s’emparait de la promesse et s’écriait joyeusement : « Plus de pèlerinages; plus de longs voyages aux lieux saints! Tel que je suis, pécheur et impur, je puis aller à Jésus, assuré qu’il ne refuse pas la prière de l’âme repentante! Il me dira : Tes péchés sont pardonnés! Mes péchés, oui les miens, peuvent être pardonnés! »
Les ondes d’une joie sacrée faisant alors palpiter les coeurs, le nom de Jésus était glorifié par des louanges et des actions de grâces. Heureux, les gens rentraient chez eux pour raconter de leur mieux à leur entourage comment ils avaient trouvé le vrai chemin. Une puissance étrange et solennelle se dégageait des saintes Écritures : c’était la voix de Dieu qui portait la conviction dans les coeurs de ceux qui soupiraient après la vérité.
La persécution des vaudois
Le messager de Jésus-Christ continuait alors sa route. Son humble apparence, sa sincérité et sa ferveur faisaient le sujet de la conversation de ses auditeurs qui, bien souvent, ne lui avaient pas demandé d’où il venait, ni où il allait. Ils avaient été d’abord si étonnés, puis si débordants de reconnaissance et de joie, qu’ils n’avaient pas songé à l’interroger. Et quand ils l’avaient sollicité de les accompagner chez eux, l’ambassadeur du Christ avait répondu qu’il devait visiter les brebis perdues du troupeau. Et l’on se demandait si ce n’était pas un ange du ciel.
Il arrivait fréquemment qu’on ne revoyait plus l’étranger. Il s’était rendu dans un autre pays; ou il terminait ses jours dans quelque prison inconnue; ou bien encore, ses ossements blanchissaient à l’endroit où il avait rendu témoignage à la vérité. Mais il était impossible de détruire les paroles qu’il avait semées sur son passage; elles faisaient leur oeuvre dans les coeurs. Le jour du jugement seul en révélera tous les bienheureux effets.
Les missionnaires vaudois envahissaient le royaume de Satan. Les chefs de l’Église se rendaient compte que ces humbles prédicateurs itinérants mettaient leur cause en danger et, pour la sauver, ils excitèrent les craintes de leurs agents et les engagèrent à surveiller de plus près les activités de ces évangélistes. Si on laisse, disaient-ils, de telles erreurs se répandre librement, les gens s’adresseront directement à Dieu, et, avec le temps, la suprématie de Rome s’effondrera.
La présence et l’activité des témoins de l’ancienne foi constituant pour Rome un défit permanent, un violent orage de haine et de persécution se déchaîna contre eux. Leur refus de renoncer aux saintes Écritures était une injure que Rome ne pouvait laisser impunie. Elle résolut de les extirper de dessus la face de la terre. Alors se déchaînèrent contre le peuple de Dieu caché dans les montagnes une série d’atroces croisades. Des inquisiteurs y furent envoyés, et l’on vit se répéter la scène de l’innocent Abel tombant sous les coups de Caïn. À plusieurs reprises, les terres fertiles de cette population innocente et industrieuse furent réduites en désert; ses chapelles furent démolies et ses foyers anéantis. De même que la vue du sang excite la rage au fauve, la fureur des persécuteurs s’alimentait des souffrances mêmes de leurs victimes.
Les témoins de la foi furent poursuivis et traqués à travers monts et vallées, au sein des forêts et dans les cavernes des rochers où ils s’étaient réfugiés. Aucune accusation ne pouvait être portée contre ces proscrits. Leurs ennemis mêmes les qualifiaient de gens paisibles et pieux. Leur crime était de ne pas servir Dieu au gré du pape. Et pour cette seule raison, ils furent abreuvés de toutes les humiliations, de toutes les injures et de toutes les tortures que les hommes et les démons purent inventer.
Résolue d’en finir avec la secte abhorrée, Rome avait lancé contre elle une bulle qui en qualifiait les membres d’hérétiques et les vouait à l’extermination. ({yootooltip title=[Voir Bulle contre les Vaudois] }Une portion considérable du texte de la Bulle papale promulguée par Innocent III, en 1487, contre les Vaudois (bulle dont l’original se trouve à la bibliothèque de l’Université de Cambridge) est traduite dans History of Romanism, de Dowling, liv. VI, ch. 5, sec. 62 (éd. 1871). Voir Jean Léger, Histoire générale des Églises vaudoises, et Chastel, Histoire du Christianisme, vol. III, p. 476-479.{/yootooltip}). On ne leur reprochait ni indolence, ni improbité, ni désordre; on déclarait au contraire qu’ils avaient une apparence de piété et de sainteté propre à « séduire les brebis du vrai bercail. » En conséquence, le pape décrétait « que si cette secte pernicieuse et abominable refusait d’abjurer, elle serait écrasée comme un serpent venimeux ». (Wylie, ouv, cité, liv. XVI, ch. I.) Le hautain pontife ne savait-il pas que ses paroles étaient enregistrées dans les livres du ciel, et qu’il devrait en rendre compte au jour du jugement? « Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » ( Matthieu 25.40 )
Cette bulle invitait tous les fidèles à prendre part à la croisade contre les hérétiques. Pour encourager chacun à prêter son concours à cette cruelle entreprise, elle « absolvait de toute peine ecclésiastique, générale ou particulière, et dégageait de tout serment ceux qui y participeraient; elle légitimait le titre de toute propriété illégalement acquise et promettait la rémission de tous leurs péchés à ceux qui réussiraient à tuer un hérétique. Elle annulait tout contrat favorable aux Vaudois, ordonnait à leurs domestiques de les abandonner, défendait de leur rendre le moindre service et autorisait chacun à s’emparer de leurs biens. » Ce document révèle clairement l’esprit de son auteur. On y entend non pas la voix du Christ mais le rugissement du dragon.
Refusant de se conformer à la Loi de Dieu, les chefs de l’Église érigeaient une morale à leur convenance, morale devant laquelle chacun devait s’incliner, parce que tel était le bon plaisir de Rome. Aussi les tragédies les plus horribles se déroulèrent-elles. Une hiérarchie corrompue et blasphématoire jouait le rôle que Satan lui avait assigné. Toute miséricorde disparut. L’esprit qui avait fait crucifier le Christ et mourir les apôtres, l’esprit qui poussa Néron à sévir contre les chrétiens de son temps, s’acharnait à anéantir les bien-aimés de Dieu.
Les persécutions dont ce peuple pieux fut victime des siècles durant, furent supportées avec une patience et une constance qui glorifièrent son Rédempteur. En dépit d’atroces croisades et massacres, les Vaudois continuèrent d’envoyer dans le monde leurs missionnaires pour y répandre le précieux message qu’ils arrosaient de leur sang. Et la semence portait des fruits. C’est ainsi que les Vaudois témoignèrent pour Dieu plusieurs siècles avant la naissance de Luther. Dispersés en plusieurs pays, ils jetèrent les bases d’une Réforme qui, commencée aux jours de Wiclef, gagna en étendue et en profondeur aux jours de Luther et devra se poursuivre jusqu’à la fin des temps. Cette oeuvre sera accomplie par des hommes disposés, eux aussi, à tout endurer pour la « Parole de Dieu et le témoignage de Jésus ». ( Apacalypse 1.9 )
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Versions vaudoise des Ecritures.
— Voir E. Petavel, La Bible en France, ch. 2, pr. 3, 4, 8-10, 13, 21, éd. de Paris 1864); D. Lortsch, Histoire de la Bible en France, Paris, 1910, p. 8, 19, 101, 106; Encyclopédie des Sciences religieuses, art. « Vaudois », vol. XII, p. 1054.
Bulles contre les vaudois
— (Une portion considérable du texte de la Bulle papale promulguée par Innocent III, en 1487, contre les Vaudois (bulle dont l’original se trouve à la bibliothèque de l’Université de Cambridge) est traduite dans History of Romanism, de Dowling, liv. VI, ch. 5, sec. 62 (éd. 1871). Voir Jean Léger, Histoire générale des Églises vaudoises, et Chastel, Histoire du Christianisme, vol. III, p. 476-479.)
(Cet article est extrait du livre “La tragédie des siècle” ; voir, télécharger :